samedi 29 août 2020

9-3, les petits arrangements (suite) - Un département qui se prête à la corruption



" C'est un département qui se prête à la corruption, un territoire de la République où le particulier qui veut quelque chose aura naturellement tendance à proposer de l'argent pour l'obtenir. "
Ce constat d'une rare franchise, c'est d'un magistrat du parquet de Bobigny en Seine-Saint-Denis qui le dresse, sous couvert de l'anonymat, pour pouvoir s'exprimer en toute liberté.

" La corruption se pratique dans les préfectures et les administrations. Et puis il y a les élus, c'est une vraie problématique et le parquet y est très sensible ", ajoute même le fonctionnaire. Entre trafic d'influence et corruption, le parquet de Bobigny ouvre entre cinq et sept enquêtes par an contre les élus locaux de ce département. Les fonctionnaires les plus modestes, payés au smic, sont aussi tentés d'accepter un bakchich en échange, par exemple, de la délivrance d'un titre de séjour. "

C'est un classique ", révèle maître Stéphane Maugendre, avocat spécialisé dans le droit des étrangers. " Ce genre d'affaire éclate régulièrement dans le département et ailleurs. " Et aucun corps de la fonction publique ne semble à l'abri. Les policiers peuvent, parfois, céder à cette atmosphère " corruptive ". Un des derniers cas avait mis en lumière le comportement peu scrupuleux d'une jeune policière, affectée en Seine-Saint-Denis, mise en examen en février 2018, après le vol d'armes de service.

Les juges échapperaient-ils à la tentation ? " Il faut avouer que les magistrats sont un peu loin de la population qu'ils gèrent ", ironise notre avocat. " Cela pourrait être différent à Nice, par exemple, où les corrupteurs peuvent fréquenter les mêmes établissements de standing que les juges. "
   

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