Souvenirs…
Dans
les années 82 à 86, Dans le service où je travaillais, j’avais un ouvrier
Marocain nommé Kaya… Il travaillait vite et bien… Nous nous entendions
merveilleusement bien. D’ailleurs il préférait de beaucoup travailler dans mes
équipes que dans celles de mes collègues… Quand je lui offrais un verre au
bistrot, il prenait de la limonade.
Parmi
nos sous-traitants, il y avait un Mohammed Ben Slimane… Gentil comme tout, le
cœur sur la main, nous le surnommions la ‘pompe à bière’… Il refusait tout
chantier s’il n’y avait pas au moins un bistrot à proximité… Et il n’éclusait
que de la bière du matin jusqu’au soir. Mais entre deux allers et venues, il
bossait dur et ses ouvriers aussi…
Dans
les années 87 à 91, une partie du personnel de la boite où je travaillais,
mangeait le midi dans un petit restau de quartier à Vitry sur Seine… Le patron
que nous appelions « Momo », se prénommait en fait Mohammed. Il nous
racontait des vannes avec son accent de Titi Parisien, tout en sirotant un apéro
avec ses clients. Instruit, d’origine Marocaine, mariée avec une Française, il
avait vraiment une attitude de parfait gentleman… Le chômage dans
l’informatique l’avait amené à se mettre à son compte dans la blanquette de
veau et le jambon persillé… J’éprouvais beaucoup de sympathie pour cet homme.
Dans
les années 97 à 99, j’avais embauché mon ami Michel… Un jour je l’invite dans
un bistrot de routiers à Bonneuil… On y dégustait un couscous maison délicieux…
Les clients le sollicitaient « Momo » par ci, « Momo » par
là… Quand ce dernier vint à notre table, mon ami et subordonné Michel lui
demanda : « Momo ? Je parie que vous vous appelez
Maurice ? »… Grand éclat de rire général… C’était ‘Mohammed’ bien
sûr ! Que Michel était naïf… Il n’était jamais sorti de son cocon et ne
savait pas que le premier fils d’une famille musulmane est souvent prénommé
‘Mohammed’ et pourtant il baignait dans le monde du bâtiment depuis si
longtemps… Pourtant, cela se voyait et s’entendait que le gars avait peu de
chance de s’appeler Maurice…
En
95 ou 96, j’ai fait un chantier dans le couvent des Carmélites derrière le
sacré cœur. J’avais avec moi, un intérimaire Malien et musulman bien sûr…
Tous
les midis la sœur supérieure nous invitait à manger dans une salle de
réfectoire réservée à cet effet… Un jour elle offrit du fromage, genre cantal…
Le Malien me demanda dans le tuyau de l’oreille si ce n’était pas du
Hallouf ! J’eu bien du mal à lui expliquer que e n’était pas de la viande
et que c’était fait avec du lait de vache… Vache étant un mot inconnu,
j’essayais avec ‘zébu’ puis avec ‘buffle’ : Visiblement le lait de leurs
bufflonnes était consommé d’autres manières qu’en Fromage comme nous le faisons
chez nous… Mais il finit par comprendre et par consommer de ce fromage qui était,
disait-il ‘très bon’…
Un
jour, sur une terrasse sur laquelle donnaient les fenêtres d’une salle… Mon
Malien (dont je ne me souviens décidément plus le nom), regarde avec
insistance, une fidèle agenouillée sur un prie-Dieu, face à la sœur supérieure…
Quand je m’aperçus du manège je lui ai dit de cesser de regarder ainsi, c’était
une curiosité impolie ! Il me demanda alors « Mais la dame, là
(désignant la sœur), ce n’est pas un Marabout ? »… Je tentais alors
de lui expliquer qui, quoi, comment et pourquoi… Cela le rassura…
Nous
rigolions beaucoup et assez souvent…
Par
exemple , une fois, en sortant de table et sorti dehors, il rote et dit
« Abdulla »… Bien , bien, ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un
sourd !… Alors comme j’étais aussi farceur que lui… Quand nous fûmes
remontés sur la terrasse et qu’il était accroupi pour faire son travail, le
passais devant lui, lui tournant le dos… Je pétais bien fort et de façon à lui
faire profiter de l’odeur et je lui dis tout de go : « Abdulla »…
Il se mit à éclater d’un rire qui ne semblait jamais devoir finir et se mit à
m’expliquer entre deux bouffées de rire, que « Abdulla », c’était pas
avec « PRRRT », mais avec « RRRRR »… Ce que je savais fort
bien mais je n’avais pas pu résister…
Combien
de dizaines d’autres anecdotes d’une époque où on ne parlait ni d’islam, ni de
dogme et où l’origine des gens n’avait aucune importance… Il n’y avait aucune
haine, aucune acrimonie. Seuls le travail, la bonne humeur et la grosse déconne
étaient un langage international permettant la communication et la
compréhension entre les hommes…
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