J’ai
connu les locomotives à vapeur. Quand je dis cela, les gens disent que c’est
impossible… Et pourtant, il n’y a pas si longtemps de cela qu’elles ont été
retirées du service, moins d’un demi-siècle…
Quand
j’avais dix ans, mes parents m’ont conduits à la gare de Nice. Je suis allé à
Paris dans le train bleu (le Vintimille-Paris). Je me souviens de ces machines à
vapeur (les 141 importées du nouveau monde par l’accord prêt-bail), de leurs
souffles puissants, de leurs patinages avec emballement des pistons au
démarrage, des jets de vapeur, de la fumée… Il me revient les fenêtres des
wagons qu’il fallait fermer avant les tunnels, pour ne pas être enfumé. C’est moi
qui les ouvrais pour sentir le vent de la vitesse… « è pericoloso
sporgersi », me revient en mémoire…
J’ai
déjà raconté, ma joie de redécouvrir Paris avec mon grand-père ou ma grand-mère,
ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui…
Heureuse
époque où le travail abondait, où les gens étaient honnêtes, où les facteurs se
promenaient avec des milliers de Francs dans leurs sacs en cuir, pour
distribuer les mandats et les retraites, sans jamais être agressés…
Revoir
Paris, comme le suggère la chanson de Trénet, pour moi, c’est cela ! C’est
revoir un monde où après avoir connu l’occupation allemande, la population
Française était apaisée. Les gens s’entraidaient. Les hommes, tous anciens
appelés, séparaient les alcoolos qui voulaient en venir aux mains. Seules nos guerres
coloniales venaient périodiquement troubler le paysage politique et la
tranquillité des Français…
Quand
parfois je reviens à Paris, j’essaye de revoir tous ces lieux de mon enfance…
Et je projette sur tous ces édifices grandioses, ces paysages urbains familiers
classés, toute la douceur de vivre que j’ai connue…
Dans
certains quartiers, c’est beaucoup plus difficile… Les gens y sont tellement
différents, tellement étrangers, tellement hostiles parfois, qu’il m’est
impossible d’y plaquer une quelconque bonhomie Parisienne… Je me demande dans
ces cas-là si ce que j’ai dans la tête a vraiment existé !
Les
petites boutiques, qui s’ouvraient sur un tintinnabulement de clochettes, ont
disparu en grande partie… J’aimais bien ces devantures en bois où les commerçants
accrochaient leurs volets le soir, à la fermeture. J’aimais bien des droguistes
qui vendaient des jouets, des roudoudous, des bâtons de réglisse, des pétards
et des lance-pierres…
Alors
quand je reviens dans ma cambrousse, je préfère penser à ce Paris que j’ai
connu et qui restera ainsi dans ma mémoire, pour longtemps je crois…
Revoir
Paris… Ah, Paris !
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