Écrit le 20 septembre 2015
Drôle
de situation que de se retrouver face à soi-même, finalement…
Je
me souviens en 2004, avec toi Papa… C’était l’été, les vacances. Je t’avais
emmené à Sainte Livrade pour jouer ton loto… Tu avais oublié tes lunettes sur
la tablette du buraliste… Je t’avais laissé à l’ombre du marché couvert avec ta
canne… J’ai couru chercher tes lunettes… En revenant tu fouillais dans tes
poches et faisait tomber un billet, je te le ramassais, pendant que tu en
perdais un autre, puis encore un autre, en retirant ta main de ta poche… Tu
réalisais que tu avais joué 50 euros au lieu de 20… Il ne fallait pas le dire à
‘Maman’… Je t’ai aidé à grimper dans la voiture… Que j’étais ému… Toi qui était
si fort, si costaud… Pendant que je bouclais ta ceinture… Tu m’as dit… « Cette
fois-ci, tu sais, il n’y aura pas de troisième fois… Jésus m’a sauvé la vie
deux fois déjà… C’est peut-être la dernière fois qu’on se revoit… »… Moi,
bêtement, « mais noooonn, Papa, voyons ! »… Qui étais-je pour
m’en sortir par une pirouette devant ta lucidité ?…
Toi
si fort, si réaliste, si… En février je t’ai revu sur ton lit de mort… Là où,
enfin, je t’ai dit « Je t’aime, Papa », bravant cette pudeur
imbécile… Tu m’avais dit « Moi aussi »… Et tu as appelé ta mère également... Ce furent tes derniers mots…
Comment pouvais-je comprendre ? Toi qui à 81 ans début 2000 étais monté
sur ton toit pour le réparer suite à la grande tempête… Sans demander d’aide à
personne… Quel homme ! Que j’ai été fier que tu sois mon père !
l’hépatite C a été la plus forte ! Saloperie de maladie refilée par
l’hôpital Saint Roch à Nice, par des transfusions, du temps où … Une trentaine
d’année auparavant… Sinon, je suis sur que tu serais encore là… Et on
rigolerait…
Je
parle de toi aux enfants… Ils se rappellent bien des histoires que tu leur
racontais à table et qu’ils écoutaient la bouche ouverte, oubliant de manger.
Tu faisais le clown et te déguisais pour les faire rire… Je crois que pour eux
aussi, tu es impérissable…
Tu
appelais ta mère à l’hosto en cette dernière journée de conscience le 20 février 2005, cette mère
qui t’a tant manquée… Un jour sur un chantier, quand j’étais jeune, tu m’avais
dit, perché sur ton échelle… que tu pensais à ta mère et que tu pleurais, mais toujours quand tu étais
seul… Je t’écoutais et je me souviens… Cela marque l’esprit, un homme si solide
mais si sensible, si aimant… Un formidable père, en tous cas… Le lendemain, lundi 21 à 20h17... j'ai senti ton âme s'envoler... Ce n'est qu'un au-revoir...
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