Je
le vois bien, ma quantité d’écrits diminue, chaque jour un peu plus. Je
m’efforçais à écrire chaque jour, certains ne le comprenaient pas d’ailleurs,
arguant que le plaisir c’est d’écrire quand on le veut et non de se forcer à le
faire. Mais moi, j’estimais que m’astreindre à cet exercice, c’était entraîner
mon cerveau et donc, que l’exercice serait salutaire pour ma santé mentale.
D’autant
que, je dois l’avouer, le plaisir d’écrire et la fécondité étaient au
rendez-vous et donc la contrainte n’était que théorique.
Ce
besoin d’écrire est venu subitement après mon accident hémorragique cérébral.
Je suppose que l’amoindrissement de la région de mes fonctions cognitives
(situées dans l’hémisphère gauche) m’a fait basculer sur un fonctionnement plus
poussé avec l’hémisphère droit… Ceci est d’autant plus plausible que
l’inspiration qui me venait soudainement était entièrement de nature affective,
motivée par les sentiments et plus du tout par le coté factuel et cartésien de
ce que je fus auparavant (de l’Odéon)…
J’ai
donc depuis 2007 mis en œuvre une partie créatrice de moi-même que j’avais
totalement ignorée pendant 57 ans de ma vie antérieure.
Mais
le temps joue son œuvre. Je ne serai pas le d’Ormesson ni le Dutourd du blog,
(de toute façon mes dons sont infiniment moindre que les leurs et je n’aurais
pas l’impudence de me comparer à eux), mais disons que je parlais plutôt de
leur continuité dans l’espace temps. Ma longévité créatrice s’amoindrit au fil
de la perte de mon vocabulaire, de ma vivacité et de ma mémoire.
Les
sujets me venaient lors d’insomnies et j’étais capable de les transcrire dans
la journée.
Maintenant,
j’ai oublié les objets de mes pensées, au moment où je suis devant mon clavier.
De
plus, mon cerveau ne sait plus ‘défragmenter’ les réflexions diverses qui sont
générées en temps partagé. Et mêmes si certaines réflexions sont bonnes, elles
ne connaîtront jamais le développement et la formalisation qu’elles méritent.
C’est
pourquoi, sur le point de décider d’arrêter l’écriture, et par conséquent le
blog, je prends une autre décision, provisoire, bien évidemment. Je vais me
laisser écrire ce qui me passe par la tête. Je pensais que ce seraient des
mémoires de ma vie que j’écrirais, mais finalement, ce sera un mélange de
présent et de passé, de faits authentiques, de sentiments et de sensations. Ma
capacité de classement et de rangement étant désormais très basse, les écrits
seront les reflets de ce que sera ma pensée au fur et à mesure de sa régression
funeste…
Franchement…
Ne vieillissez pas ! J’admire mon père dans son talent oral ! Lui qui
a si bien su conter son histoire de manière verbale ! Mon talent oral
n’est pas au rendez-vous ! Je préfère écrire. Bien entendu, la spontanéité
y perd, puisque les exclamations, les hésitations, les erreurs seront forcément
moins fréquentes, mais j’essayerai autant que faire se peut, de laisser mon
cerveau faire ses erreurs en direct, cela sera plus tristement humain. Quant
aux fautes d’orthographe, en ayant une sainte horreur, je tenterai de les
corriger. Mais si le niveau de celles-ci venait à augmenter (ce qui est
inéluctable), et bien, là encore ce sera un indice de plus sur ce naufrage qui
a déjà commencé.
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