Écrit le 26 novembre 2024
Oui, je sais j’ai été un para bel homme…
J’avais raconté les premiers pas sur la lune, vus à la télé, la nuit, dans la caserne à Nice… Le matin, après une nuit d’insomnie, nous montions donc dans les GMC qui nous conduisaient au port de Nice. Direction Bastia !
La Préparation Militaire Parachutiste se déroulait à Borgo.
Différentes épreuves attendaient les prémilitaires que nous étions…
J’ai trop attendu pour coucher mon récit par écrit et je ne me souviens plus du tout des noms des officiers, sous-offs, camarades, ni même de tous les grades…
-100 mètres :
5 ou 6ème
-Cross 20
km : peloton de tête des trois premiers.
-Rapidité de
transport de blessé : 1er (moi
-Tir de précision au MAS 49 modifié 56 : médiocre.
-Lancer de grenade :
Toutes les cibles loupées. Dernier ex-aequo...
-Tir au FM (AAT52) :
1er
-Dé-brêlage
parachute : 1er
-1er du
stick à la portière.
-Faire tomber l’adversaire : 1er
Le commandant de
réserve (ou capitaine, je ne me souviens plus) m’appréciait, ainsi que
l’adjudant chef (ancien de la guerre d’Algérie)… Le sergent et un cabot chef,
pareil !
Quand j’ai parlé
de mes motivations, j’ai été le seul à évoquer le service de la patrie…
Cela aussi a renforcé ma cote… J'étais sincère à l'époque... Maintenant, ma patrie se réduit à ma famille et aux gens que j'aime... Les autres, les civils, m'ont tant déçu...
J’ai donc été très bien noté… J’avais un bon dossier et je n’avais plus qu’à effectuer cette carrière militaire d'officier parachutiste dont j’avais rêvé… Et ceci, malgré l’intense vertige que j’éprouvais… Le courage c’est de vaincre sa peur !
Le commandant (ou capitaine) nous le disait : « Celui qui dit qu’il n’a pas peur est soit un menteur soit un fou ! Retenez bien cela : Nous avons tous peur ! »…
Les paras du 2ème REP s’entraînaient parfois sur le même terrain que nous… Mes supérieurs m’ont prêté au REP… Les légionnaires m’ont appris à plier leurs parachutes (ils ont une façon différente de celle des bérets rouges)… J’ai pu apprécier leur bonhomie et leur gentillesse (du moins de ceux avec lesquels j’étais) !
Un après-midi de perme, on nous a lâchés en périphérie de Bastia, non sans nous recommander de ne nous promener en ville que par groupes de trois ou quatre… Les Jeunes Corses attaquent en meutes, nous disait-on…
En fait je ne me suis baladé qu’avec un seul collègue : Henri de la Tour d’Auvergne, Capitaine des Chevaux légers du Roy, à charge héréditaire… Mais bon depuis la chute de la Monarchie, son hérédité avait du en prendre un sacré coup ! (En fait, plus tard je lui rendrai visite : son père possédait à Draguignan, une propriété digne de cet ancien titre !)
Nous étions sur la promenade qui borde la mer. Devant nous, un légionnaire en tenue de sortie avec képi blanc, marchait au pas, comme dans un défilé de la légion… Probablement la force de l'habitude...
Une traction avant noire nous dépasse, freine dans un grand crissement de pneus près du trottoir à la hauteur du légionnaire… Les fenêtres ouvertes, les 5 ou 6 Corses qui étaient à bord se mettent à menacer le soldat de manière véhémente !
Le légionnaire se retourne lentement et les fixe d’un regard mauvais…
C’est bizarre, mais les poings menaçants disparurent, les vitres se refermèrent, les voix se turent, pendant que la voiture démarrait en trombe…
Je fis signe avec mon pouce au légionnaire en signe de félicitation…
Dans le vieux Bastia, à certains endroits, il est vrai que des groupes de voyous nous scrutaient… mais j’adoptais le style de regard que j’avais remarqué chez le légionnaire… Je ne saurais jamais si cela a dissuadé qui que ce soit, mais mon collègue et moi, n’avons pas subi d’avarie…
Avant les quatre sauts de certification, nous avons passé une épreuve de course de 1500 m…
Avant de partir,
le sergent m’a dit « zalandeau, puisque tu es très bon en cross, essaye
d’aller moins vite mais de trainer dans ton sillage untel, untel et untel… ça
permettra de ne pas les disqualifier s’ils arrivent dans les temps… Je ne suis pas bon au 1000 ou 1500 m, j'acceptais quand même...
- A vos ordres, Sergent !
Ce qui fut promis
fut fait, jusqu'à un certain point… Dès le départ je hélais les trois untel, afin qu’ils me suivent… Mais
en adaptant ma vitesse à ceux-ci, tous les autres coureurs prenaient la poudre d’escampette !!!
Au bout d’un
moment, je voyais que je risquais d'être disqualifié, alors, je semais un, puis deux, puis les trois untel… Et j’entrepris de
rattraper les autres coureurs, je réussissais à en doubler deux, mais jamais je
n’ai eu le temps de rattraper le peloton…
Mon chrono, bien que passable, rentrait pile poil, dans la limite impartie. On ne m'en tint pas rigueur puisque mon piètre score était du au respect de l'ordre reçu… Mais les untel furent disqualifiés…
Suivirent les
épreuves de saut… Quatre en deux jours… C’est très dur !
Il me fallait vaincre mon
vertige, alors que j’avais les guiboles qui flageolaient, et donc, la peur de
sauter dans le vide…
Au sol, tout le
monde sans exception avait sa veste de saut complètement mouillée de sueur…
Ce n’était pas la chaleur… C’était la peur ! A l’atterrissage, après des roulé-boulé arrière, je fus cependant le plus rapide pour le dé-brêlage et le ramassage du pépin sur les 4 sauts.
La deuxième journée, il nous restait trois sauts à faire… C’était de plus en plus difficile à supporter… La peur, s’accumule et surtout elle consomme beaucoup d’énergie physique et surtout mentale pour la vaincre…
Certains ne purent pas et refusèrent le saut, agrippés à la portière (Il fallut d’ailleurs plusieurs personnes pour parvenir à les faire lâcher prise et les ramener en arrière… Ils sont un danger pour la réussite collective d'une opération… Ils ont été disqualifiés également…
Le stage prit fin… Cérémonie de port du Béret rouge, remise des insignes de PMP…
Nous rentrâmes sur une péniche de débarquement « l’Argens »… jusqu’à Toulon… Mal de mer… Puis le train…
Puis un jour par la poste : Le « Diplôme » ainsi qu’un feuillet à insérer dans notre livret militaire…
Le premier chantier que je fis ensuite avec mon père, pendant le reste de mes vacances : Je regardais en bas, du haut de la cage d’escalier : Je n’avais plus le vertige ! (Mais depuis il est revenu, bien sûr)…
J’ai refais des sauts à Montpellier, les jeudis, pendant mes études supérieures, et ensuite dans mon second emploi civil, des sauts à la Ferté Allais… J’ai perdu un carton contenant les feuilles de saut lors d’un déménagement mais également des objets plus intéressants pour des déménageurs malhonnêtes…
M'y étant inscrit également à Montpellier, je n'ai jamais pu passer ma PMS, les stages militaires obligatoires se déroulant l'été, au même moment que les stages obligatoires de l'école des mines... Officier ou Ingénieur... J'ai abandonné la carrière militaire... Sans doute ma première grande erreur...
Quelques années plus tard, je ferai mon ultime saut, mais en opex cette fois... Mais c'est une autre histoire...
https://youtu.be/CXRFNf8nXK0?si=ucx1jzQF7v5nNsRc