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Sur Europe 1 : 08h54, le 19 décembre 2023
Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Un coup de frein sévère pour l’automobile outre-Rhin. L’Allemagne a mis fin brutalement aux bonus à l'achat d'une voiture électrique. C’est fini, depuis hier.
Ça a pris tout le monde de cours ! Terminées les subventions pour acheter un véhicule électrique. Le ministre de l'Économie et de la Protection du climat, le Vert Robert Habeck a annoncé dimanche que les demandes ne seraient plus acceptées dès le lendemain. Brutal.
Qu’est ce qui explique ce changement radical dans la politique de soutien aux voitures électriques ?
Une crise budgétaire sévère qui ébranle l’Allemagne ! Il n’y a plus d’argent pour financer le bonus.
En novembre, la Cour constitutionnelle allemande a épluché le budget de l’État. Elle s’est intéressée à un tour de passe-passe de la coalition au pouvoir qui a redirigé 60 milliards d’euros de crédits non utilisés pendant la crise sanitaire en 2021 vers un autre budget annexe dédié à la transition écologique. Un fonds climat et transformation supposé réduire le prix de l'électricité, financer la rénovation thermique des bâtiments et, donc, subventionner les véhicules électriques. La cour constitutionnelle a estimé que ça ne respectait pas les règles : elle a retoqué le montage. Résultat, un trou de 60 milliards à combler dans le budget. IL faut faire des économies. Première victime, la voiture électrique.
Les objectifs allemands de transformation du parc étaient ambitieux. Que vont-ils devenir ?
L’Allemagne a dépassé fin 2022 le cap du million de véhicules électriques en circulation, à grand renfort de primes. Les ventes sont d’ailleurs directement corrélées à l’importance du chèque ! Maintenant qu’il s’achève, l’Allemagne va devoir faire une croix sur ses objectifs.
L’étape suivante, c’était 15 millions de voitures électriques d'ici 2030, sur un parc de 49 millions de véhicules. 30%! Ca paraissait déjà ambitieux avec les subventions, sans, c’est impossible. Les constructeurs automobiles allemands, qui comptaient sur le bonus pour écouler leur production, qui est moins bon marché que les voitures chinoises, font grise mine.
Décidément, sale temps pour la transition écologique allemande.
Plus le temps passe, plus on se rend compte que l'Allemagne paie cher sa transition mal anticipée. Celle-ci devait reposer essentiellement sur les énergies renouvelables, sans nucléaire. Ca se solde surtout par un recours au gaz et au charbon, ce qui compromet les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La cherté du dispositif plombe aussi l’économie allemande. Et puis il y a tout ce qui n’avait pas été prévu dans ce plan mal goupillé. Comme le fait que le réseau électrique n’est pas adapté à la multiplication des voitures électriques, pourtant planifiée. Il y a trois semaines, les opérateurs de réseaux allemands ont été autorisés à restreindre le flux d’énergie vers les pompes à chaleur et les chargeurs de véhicules électriques à partir de 2024. Pourquoi ? Parce que les surcharges dues au branchement massif des chauffages et des véhicules électriques peuvent l’endommager, il est vieillissant, il n’a pas bénéficié des investissements nécessaires. Ça non plus, ça n’avait pas été prévu.
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