Publié le 30 octobre 2021 sur BV
Jean-Paul Gourévitch est un essayiste Français. Il est principalement connu pour ses études sur les migrations, l'Afrique, l'islamisme et la littérature de jeunesse.
L’OCDE, dans une enquête consacrée à l’« impact budgétaire » des coût engendrés par l’immigration et des contributions versées par les migrants, en a conclu, ce jeudi 28 octobre, que le coût s’équilibrait, voire qu’il pouvait être positif.
L’essayiste Jean-Paul Gourévitch, connu pour ses études sur les migrations, dénonce une « confusion méthodologique » de nature « idéologique ».
Un rapport de l’OCDE dresse un bilan très positif de l’immigration. Qu’en pensez-vous ?
" Premièrement, ce rapport porte sur 25 pays, sur la période entre 2006
et 2018. On ne peut donc pas tirer de conclusion sur l’immigration en
France maintenant.
Deuxième point, certaines choses sont exactes, comme par exemple le fait
que les immigrés contribuent au PIB de la France et que les politiques
d’intégration ont des dépenses et des retours sur investissement,
En revanche, sur le fond, il y a une confusion méthodologique dans l’OCDE qui est, pour moi, une confusion idéologique.
Premièrement, l’OCDE ne parle que des immigrés en situation régulière et
absolument pas des immigrés qui travaillent dans l’économie informelle
ou qui sont en situation irrégulière et ne travaillent pas. Pour la
France, cela correspond à un déficit de près de 4 milliards d’euros.
Deuxièmement, dans ce rapport, on ne parle que des immigrés qui
travaillent et on ignore ceux qui ne travaillent pas. Le rapport donne
le chiffre de 56 % des immigrés qui ont un emploi, cela ne correspond
absolument pas aux immigrés et enfants d’immigrés qui ont plus de 18
ans. De façon plus grave, les dépenses des enfants des descendants
directs de l’immigration ne sont pas comptées.
Ce rapport de l’OCDE met en positif les cotisations et les impôts payés
par les immigrés qui travaillent et il met du côté des dépenses les
dépenses d’éducation, de santé et de protection sociale. Ce ne sont pas
du tout les seules dépenses. L’État dépense beaucoup pour la sécurité,
pour le fonctionnement des structures, pour la lutte contre l’économie
informelle.
Cette façon de présenter de manière positive l’immigration dans 18 pays,
et qui est retranscrite dans les journaux bien-pensants en disant que
l’immigration rapporte plus à la France qu’elle ne coûte, est un
contresens, de la désinformation.
Bien sûr, on peut discuter du coût : pour les économistes de gauche, il
est de moins de 10 milliards et pour ceux d’extrême droite, il est de
plus de 70 milliards. Mon travail, très technique, aboutit à un coût
d’un peu plus de 20 milliards d’euros. "