samedi 26 juin 2021

Mémoires et radotages (353) – La vie de Papa – complément n°1

 

Écrit le 25 juin 2021

A l’attention de mon frère, ma nièce et de mes trois enfants.

Je vous envoie cette clé USB qui contient tous les éléments que j’ai sur Papa et Maman (Papy et Mamie)… C’est peu, mais c’est tout ce que j’ai. Je m’aperçois qu’il y a des lacunes, des ‘trous’, dans l’histoire de Papy que je vais essayer de combler très partiellement…

A rajouter à la fin du récit sonore de l’enfance de Papy :

Il est allé à Paris, pour travailler comme, comment dirais-je, comme boniche mais homme…

Puis il est allé dans les Vosges travailler comme bûcheron, travail pénible mais bien mieux rémunéré… Il m’avait décrit ce travail et si vous voulez savoir en quoi il consiste, il vous suffit de regarder le film « Les Grandes gueules » de Robert Enrico avec Ventura et Bourvil…

Les outils étaient la hache, la scie de bûcheron que l’on maniait à deux, les coins, les cordes, les chevaux et la schlitte  https://fr.wikipedia.org/wiki/Schlitte, … Il ne faut pas oublier que c’était dans les années d’avant guerre (alors que le film lui se passe bien après guerre)

Ensuite il est rentré à Cherbourg, là où son futur régiment était basé, appelé pour faire son service militaire où il fut incorporé le 4 novembre 1938…

Hélas à peine démobilisable, il ne l’était plus, c’était la drôle de guerre et il « partit aux Armées » le 6 avril 1940. Sur le front en Belgique à Godine et Annevoie-Rouillon, comme je l’ai raconté dans « une défaite programmée » d’après le récit qu’il m’en fit en 1994… A lire…

………………..

Je n’ai jamais terminé ce récit… j’en étais resté à l’extermination de la troupe avec laquelle il se repliait…

Or donc, des centaines d’hommes mitraillés dans un champ (je n’ai jamais pu trouver la localisation)… Ils étaient cinq survivants dont mon Papa…

Par où passa-t-il ? Je ne le sais pas. Toujours est-il que ce fut chacun pour soi… Les Troupes Allemandes progressant aussi vers le sud, il parvint avec grande difficulté à leur échapper, rejoignit une première unité de ‘vétérans’, comme on dirait maintenant, qui se repliait. Il fut donc incorporé au 21è BCA (je n’ai jamais su ce qu’était cette unité, Chasseur Alpins, artillerie ???), le 20 mai 1940 à Santilly ou Lantilly (les deux villes existent mais la majuscule est mal écrite. La première est située en Saône et Loire et la seconde en Côte d’or)… Mais dès qu’un side-car Allemand se pointât au nord, ces soldats Français de réserve qui ne voulaient pas se battre, menacèrent de leurs armes mon père qui voulait commander aux tireurs d’élite de l’unité de mettre en joue l’ennemi… Papa leur dit qu’il ne jetterait pas ses armes et qu’il continuerait le repli pour pousuivre le combat et que ces ‘courageux’ n’avaient qu’à lui tirer dans le dos. Ils ne le firent pas, mais tout ce régiment jeta ses armes et se rendit à une avant-garde de deux soldats Allemands… pendant que Papa se sauvait vers le sud… Seul parmi les réfugiés qui fuyaient les combats.

Le repli de Papa ? il alla à pied, en vélo, trouvé sur les bords des chemins, en autocar, enfin tout ce qu’il pouvait trouver… Je crois avoir compris qu’il avait quitté la vallée du Rhône trop bombardée à son goût… Peut-être passa-t-il par Le Puy en Velay, mais je n’en suis pas certain… Il trouva une moto et parcouru quelques kilomètres (le réservoir troué ne lui donnait pas d’autonomie)… Quand il fut retraité, pendant ses vacances avec Maman, Papa m’a dit avoir retrouvé la ferme devant laquelle il avait abandonné la moto.

Pendant son repli, la consigne qui était une véritable rumeur était de se rendre à Pamiers où l’armée Française serait reconstituée et donc il s’y dirigeait… Mais quand l’armistice fut proclamé, l’objectif n’était plus de mise, il était parvenu à Toulouse le 27 juin 1940 où il fut affecté au 14è RI le 4 août 1940, puis il fut affecté au 2è RCC le 7 août 1940. Puis on le fit refluer vers Nîmes, via Carcassonne et Montpellier, où il fut affecté au 7è RCC (Escadron EME) le 1er septembre 1940… … En 1970, il me montra la fenêtre de sa chambrée dans cette caserne de Nîmes…

Quand ses supérieurs connurent son odyssée, mon père fut envoyé en permission, je dirai même en vacances à l’hôtel Méridien à Saint Raphaël (qui avait probablement été réquisitionné) où il passa un hiver 1940-1941, comme un coq en pâte… Et comme il n’avait pas de colis (orphelin), des sous-offs lui ont donné un peu de leur solde…

Revenu à la caserne de Nîmes, on le mit dans un « coup », qui consistait à partir avec des aviateurs en Afrique du nord pour continuer le combat… Le jour dit, Papa arriva en retard à l’aérodrome à cause de la désorganisation des transports en communs… Quelqu’un lui dit de se barrer, les candidats au départ ainsi que les pilotes avaient été arrêtés par la Gestapo (La zone libre était déjà contrôlée par les Allemands en fait !

Il a été démobilisé et « renvoyé dans ses foyers » le 16 juin (je suppose 1941) et rayé des contrôles…

A suivre...

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