samedi 7 septembre 2019

Imbécile heureux



Depuis une journée, l'équipe de deux gars équipée de MON marteau-piqueur, (quel est l'imbécile qui prêterait SON propre marteau-piqueur à des ouvriers de son employeur ? Moi !), n'avait décapé qu'un mètre carré d'étanchéité collée sur le sol en béton.

Ils me baratinent : Trop dur, mission impossible, patin couffin, il y en aurait pour des semaines...

Je leur prends le marteau piqueur des mains et leur dis que je vais leur montrer. En costard, en chronométrant ostensiblement j'officie. Puis :

"Bon les gars, en un quart d'heure, j'ai fait tant. Donc en une heure on fait tant, ce qui fait Telle surface en huit heures ! OK ?... L'un pique, l'autre fout dans la benne, puis vous échangez de rôle quand vous êtes fatigués ! OK ?... A ce rythme, ce n'est pas des semaines qu'il faut, comme vous le prétendez. Vous aurez fini demain soir ! C'est compris ?"

Le soir même (au lieu du lendemain, comme je l'avais ordonné), le décapage était fini !

Et j'ai pu leur donner une grosse prime de rendement pour ce boulot... Le chantier est sorti avec une marge bien meilleure que prévu... Et moi, je n'ai même pas gagné un sou de location de MON marteau-piqueur et en plus il m'a fallu mettre mon costard au pressing...

L'efficacité professionnelle, le management... Bla, bla, bla. J'étais content. Les marges de mes chantiers pulvérisaient celles des autres conducteurs de travaux du service ainsi des autres services... Aucune prime, aucune promotion, et la lourde quand il leur seyait de me lourder... C’était à la SPAPA de Gennevilliers...

Je sais, j'étais con, mais content ! C'est ça, être un imbécile heureux...

 

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