Gérard-François Dumont, Arnaud Lachaize (suite)
Dans son discours de politique générale, parmi les enjeux de l' "acte II" du quinquennat Macron, Edouard Philippe a souligné l'importance de l'immigration. La politique du gouvernement à l'égard de l'immigration et de son impact sur le marché du travail et la croissance était-elle jusque-là adaptée aux réalités de l'immigration en France ?
Arnaud Lachaize : Non, sûrement pas. La France compte 3 à 5
millions de chômeurs selon les modes de décompte, 9 millions de personnes
vivant sous le seuil de pauvreté, 3,4 millions de sans domiciles ou de mal
logés. La situation de ses quartiers sensibles où vivent environ 6 millions de
personnes est désastreuse, violence, échec scolaire, chômage massif. Dans ces
conditions, il est irréaliste d’accueillir chaque année plusieurs centaines de
milliers de personnes, souvent sans qualification, non francophones, de modes
de vie et de valeurs différents, alors qu’on n’a pas les moyens de leur fournir
des conditions dignes de travail, de logement, de scolarisation.
Les chiffres annuels ne s’additionnent pas forcément
mais ils donnent un ordre de grandeur : d’une part 250 000 « premiers titres de
séjour délivrés », (dont 100 000 pour raison familiale et 80 000 étudiants),
d’autre part 120 000 demandeurs d’asile, plus 80 000 Européens, sans compter
les clandestins qui ne se manifestent pas par une demande d’asile. Bien sûr certains repartent, notamment parmi les
étudiants, mais la masse nette annuelle des nouveaux arrivants demeure élevée.
On peut toujours se contorsionner, hurler au racisme ou au fascisme, dresser
des bûchers, les faits sont là et ils s’expriment dans les statistiques.
A l’évidence le poids de cette immigration, en forte
hausse depuis 20 ans (les chiffres explosent depuis 1997), excède les capacités
d’accueil d’un pays en crise profonde.
Durant les vingt dernières années, les réponses politiques ont-elles toujours été adaptées à ces bouleversements démographiques ? Pourquoi arrivent-elles généralement trop tard ?
Gérard-François Dumont : Depuis 2015, la plupart des pays européens ont
adapté leur politique migratoire à ce qu’ils considèrent être leurs intérêts.
Par exemple,en 2016, l’Allemagne a renforcé les conditions du regroupement
familial, puis décidé de considérer différents pays, dont ceux du Maghreb
central (Algérie, Maroc, Tunisie), comme "pays sûrs », donc n’ouvrant pas
de droits à déposer une demande d’asile. Sans doute face aux difficultés
politiques rencontrées (Dumont, Gérard-François, « Allemagne. Géopolitique des
migrations : les cinq actes de la tragédie de la chancelière Merkel »,
Diploweb.com, La revue géopolitique, 16 décembre 2018),l’Allemagne a, à
nouveau, restreint les possibilités de regroupement familial en 2018. Le
Royaume-Uni ne donne la possibilité aux personnes ayant le statut de réfugié de
faire venir leur famille que si leur niveau de ressources est suffisant pour la
prendre en charge et que si ces réfugiés peuvent attester d’une connaissance
minimum de la langue anglaise. La Suède, qui avait le pourcentage de demandes
d’asile rapporté à sa population le plus élevé en 2015, demandeurs venant
principalement de Syrie, d’Irak, d’Érythrée et d’Afghanistan, a également
limité le regroupement familial. Des mesures comparables ont été prises au
Danemark ou à Chypre.
En conséquence, car l’information circule parfaitement
auprès de ceux qui cherchent à migrer, la France est devenue plus attirante car
elle est plus généreuse que les autres pays européens en matière de demande
d’asile, de regroupement familial, ou pour des personnes souhaitant pouvoir
bénéficier de soins de santé.
En outre, il importe de considérer que l’immigration
nourrit l’immigration (Dumont, Gérard-François, Géographie des populations.
Concepts, dynamiques, prospectives, Paris, Armand Colin, 2018). Les précédents
immigrants originaires de tel pays, de telle région, de telle ethnie, voire de
telle confrérie musulmane, servent de pôle d’accueil pour des personnes ayant
les mêmes origines. Les immigrants déjà résidents concourent donc à
l’attractivité du pays, surtout si, en revanche, le pays de départ est répulsif
pour des raisons d’insécurité ou de mauvaise gouvernance. En outre, la plupart
des pays européens peuvent donc offrir des niveaux de rémunération
éventuellement jugés faibles par les nationaux, mais appréciables par des
immigrants soucieux d’envoyer à leurs familles restées au pays des remises qui
représentent dans les pays de départ un pouvoir d’achat significatif.
Arnaud Lachaize : Dans l’ensemble, les politiques françaises
conduites en la matière, depuis 20 ans, ne sont pas adaptées à cette réalité.
Ce qui frappe, c’est l’hypocrisie qui écrase toute prise en compte de ce sujet.
En dehors de quelques idéologues, les politiques de droite comme de gauche,
savent pertinemment que le poids de cette immigration est un grave problème,
l’un des plus fondamentaux de la France actuelle. Mais plutôt que de prendre le
sujet à bras le corps, ils préfèrent soigner leur image médiatique et se draper
dans une fausse générosité.
L’immigration est devenue l’otage des calculs
politiciens, électoraux et des idéologies. Les uns prônent l’immigration zéro,
ce qui est inconcevable dans un monde ouvert, sauf à entrer en autarcie. Les
autres prétendent généraliser l’accueil en ouvrant totalement les frontières ce
qui, compte tenu de la pression migratoire, des inégalités de richesse et de
revenu, de la misère, de la réalité démographique au Sud de la Méditerranée (la
population de l’Afrique passera de 1 à 4 milliards d’ici la fin du siècle),
provoquerait un séisme dans les démocraties européennes.
La crise migratoire de 2015-2016 a donné un aperçu des
dégâts causés par des phénomènes non maîtrisés, avec l’ébranlement politique de
l’Europe. Pour s’en sortir, à terme, il faut être inflexible sur l’immigration
illégale et sur la lutte contre les passeurs esclavagistes, il faut calquer
strictement les règles de l’entrée et du séjour sur les capacités d’accueil et
d’intégration de la nation en négociation avec les pays d’origine. En raison,
des tabous, des calculs électoraux, de la lâcheté ambiante, de la peur du
qu’en-dira-t-on, bref, de la lâcheté, cela ne s’est jamais vraiment fait. Nous
payons le prix de la démission des pouvoirs publics.
Nous savons tous quelle importance nous gouvernants accordent à l'immigration, c'est de céder au choix de l'Europe des Monnet et Schuman manipulés par la C.I.A. C'est le plan de Coudenhove Kalergi, un des vices présidents du mouvement européen, qui avait prévu le grand remplacement des peuples d'Europe par le métissage avec les peuplades d'Orient. Créer une Europe de sous-instruits dirigée par une élite depuis les Etats-unis. Quel nom donner à cette élite, un mot que chérit notre président : FINANCE.
RépondreSupprimerBonne fin de journée !
P.S. : Je suis venu sur ce blog parce que Canal me bloque l'entrée et l'accès aux commentaires même quand je prends un chemin de traverse (sourire).
Tout simplement les ultra-libéraux veulent se faire passer pour des altermondialistes... Et dans ce monde con, ça prend, comme n'importe quelle idéologie quand elle est bien rabâchée mille fois...
SupprimerTrès bonne journée