Dans mon castel, icelui que mon Roy me donne à garder, j'ignore tout de ce qui se passe chez les
manants et autres parvenus, en bas dans le bourg et n’ai oncques de nouvelles
concernant les seigneuries alentour.
Seuls mes amis, de toute condition, (ménestrels, biographes,
poètes) me tiennent informés des évènements du dehors.
Je suis bien avec eux. Quand ils viennent me visiter, nous
jouons luth, vielle, tambourin et déclamons poèmes à la lune levée. J'ai bien
du mal à leur faire visite. Huit amis, répartis lointainement et dont la
production littéraire est fort abondante, cela pose problème, car il faut bien
du temps pour les tous voir. J’ai donc avec l’ordonnance des occupations
domestiques, des journées fort bien occupées et point de répit.
Je commence à voir poindre autour du castel, de nombreux
curieux, intéressés, qui voudroient bien entrer par quelque poterne dérobée ou
prest à tenter l’escalade jusqu’à une archère. Mais à chaque fois nous les
repoussons dans les douves. Il est à parier que leur odeur ne fust très forte,
tant, des douves, la vase a pris possession.
Je faisois ce matin, poser un placard devant le pont-levis :
«Manant ou Chevalier, si n’estes parent ou ami avec le Seigneur de ce lieu,
passaillez prestement votre chemin. Les arbalestriers céans, sont forts
aguerris et embrochent leurs flèches à trois cents coudées».
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