Écrit le 14 février 2008.
Cela a commencé en 1967. Nous avions 17 ans. Nous avions été
bercés et éduqués par des feuilletons comme « Zorro », « Thierry
la Fronde », « Rintintin », par des films « Robin des
bois », « Lagardère » etc… Nous avions inconsciemment acquis des
notions de justice et de liberté…
Quand en 67 éclate la guerre civile au Biafra, fortement
médiatisée, nous, jeunes de 17 ans et plus généralement la jeunesse de 16 à 25
ans, nous avons ressenti un élan vers ce peuple dont nous trouvions éminemment
injuste qu’il soit martyrisé, massacré, affamé. Nous avions des envies de
partir combattre à leur coté.
C’est de cette époque que date mon esprit de révolte contre
l’injustice, l’arbitraire la tyrannie la barbarie et mon désir de liberté pour
tous.
Puis vînt 1968. Début avril dans mon lycée, la colère monte,
contre la discipline plus que militaire à nous imposée par un surveillant
général, imbu de son petit pouvoir, à l’esprit étriqué et passéiste. Nous étions dans un lycée technique, pas dans une caserne, merde ! La discipline, oui ! Le garde à vous, non !
Un comité s’est spontanément formé. Rapidement par mes prises
de positions, par la définition de nos buts et ligne d’action, mes camarades me
nomment chef de file du mouvement. Très vite, nous passons à l’action. Grève
générale. Manifestation autour du lycée avec banderoles demandant le départ du « surgé ». J’ai ordonné le libre choix des
élèves. Aucun piquet de grève. Mais spontanément 99 % des élèves se sont joints
à notre mouvement de colère et de révolte. Au bout d’un mois de grève et de
manifestation, j’avais décidé mes compagnons pour une action qui consistait à
séquestrer le « surgé » et à parlementer avec le proviseur, afin,
d’obtenir une libéralisation des règles arbitraires de surveillance du lycée…
C’est à ce moment là, que mai 68 a débuté…
Le mouvement est devenu politique. Les drapeaux rouges
remplacèrent nos banderoles revendicatives.
Et fin des fins, le « surgé », (notoirement de
Gauche) s’est fédéré au mouvement des lycéens.
Nous avions dans nos rangs, celui contre lequel nous
combattions quelques jours auparavant ! Et notre cause, dirigée essentiellement contre l’autoritarisme de
cet individu, devenait une lutte contre le pouvoir Gaulliste, qui n’était
vraiment pour rien, dans le comportement d’un « surgé » appartenant au ( PSU ) Parti Socialiste Unifié…
J’ai alors quitté un mouvement pour lequel je n’avais plus
de sympathie. Je n'allait pas suivre celui contre qui je me battais... J'ai repris le chemin de la classe du prof de maths (seul à encore travailler) avec cinq autres élèves dont j'avais exigé le passage libre à cette bande de traitres qui faisaient de la politique au lieu de défendre leurs revendications...
Mon esprit de révolte s’est renforcé à l’expérience de ce
phénomène de trahison des idées…
Que sont devenus mes compagnons, les gens de ma génération,
les Français qui avaient 18 ans en 68 ?
Ils ont vite abandonné l’esprit de lutte pour construire
leur avenir, bien au chaud dans des pantoufles. Mais surtout, certains ont
contribué à construire cette société injuste, égoïste, décadente,
inhumaine ; une société de merde !
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