Publié sur « 20 minutes », le 15 août 2016 :
Rixe à cause d’un burkini: Que s’est-il réellement passé, samedi, sur la plage de Sisco en Corse?
ENQUETE
Environ 500 personnes se sont rassemblées, dimanche à
Bastia, dans une ambiance très tendue…
Des appels au
calme. Et des forces de l’ordre déployées en nombre. La région de Bastia (Corse) a vécu un
week-end tendu après une
rixe qui a fait cinq blessés, samedi, sur la plage de Sisco. Environ 500
personnes se sont rassemblées, dimanche, devant la préfecture corse aux cris de
« On est chez nous » après cette
altercation qui pourrait avoir été causée par une affaire de burkini. 20
Minutes fait le point sur les premiers éléments de l’enquête.
- Que disent les autorités sur les raisons de l’altercation ?
Après une
journée de silence, le parquet de Bastia a indiqué, dans un communiqué, qu’il avait
ouvert une enquête de flagrance pour « violence en réunion » afin
d’établir « l’origine » de l’altercation. Selon lui, « un
différend a éclaté entre les membres de trois familles, d’origine maghrébine,
et des jeunes de la région de Sisco qui ont reçu le renfort de proches ».
- Quel est le bilan exact ?
Toujours selon
le parquet, l’altercation « a entraîné différentes violences notamment par
jets de pierre, coups et jets de bouteilles. Trois véhicules ont, par ailleurs,
été incendiés », précise encore le parquet. Au total, une centaine de
gendarmes sont arrivés sur les lieux. Ils sont parvenus à maîtriser la
situation, d’une grande violence, et à prendre en charge les cinq personnes
blessées qui ont été admises au centre hospitalier de Bastia. Elles en sont
sorties dimanche dans l’après-midi.
- Cette altercation a-t-elle pour origine le port de burkinis par des femmes ?
C’est ce que
prétend l’une des témoins de la scène. Au mégaphone, cette jeune fille mineure
a raconté ce qu’il se serait passé devant la foule réunie, dimanche, à Bastia.
Selon elle, la
rixe aurait éclaté alors que plusieurs femmes se baignaient en burkini sur la plage
de Sisco. Elles auraient été prises en photo par des touristes ce qui
aurait conduit à faire monter la tension sur la plage.
Toujours selon
ce témoignage, plusieurs hommes d’origine maghrébine sont arrivés, sur les
lieux, munis de hachettes, s’en prenant à un groupe de jeunes gens corses, âgés
de 15 à 18 ans et qui étaient sur la place. En réponse, des parents des jeunes
corses seraient alors « descendus du village » pour en découdre.
Sur Twitter, d’autres témoins avancent, eux aussi, le port de burkinis comme la
raison de cette altercation.
Faire tourner un
max,le temoignage de la maman d'un enfant de #Sisco #Corses #Corse #Bastia #Corsica #CapCorse pic.twitter.com/ypOQJL5OjF
— SCBASTIA07 (@SCBASTIA07) August 13, 2016
- Comment la situation a-t-elle évolué ensuite ?
Réunis
à Bastia, dimanche matin, certains manifestants ont été reçus à la préfecture.
A leur sortie, dans une ambiance très tendue, la foule a crié « Aux armes,
on va monter parce qu’on est chez nous » et s’est dirigée vers le quartier
Lupino, dont les jeunes d’origine maghrébine seraient originaires. Dépêchés sur
le secteur, les gendarmes mobiles ont rapidement bloqué l’accès à ce quartier.
Peu après, les
manifestants sont allés jusqu’à l’hôpital où un jeune homme d’origine
maghrébine, blessé samedi, était hospitalisé. Des CRS venus en renfort se sont
positionnés à proximité et ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la
foule après avoir été la cible de projectiles.
Des corses
scandent "On est chez nous !", dans le quartier des agresseurs, à
Lupino.#Sisco pic.twitter.com/YtPE1i7Za3
—
Marion (@MarionFFRAA) August 14,
2016
·
Comment la
classe politique a-t-elle réagi à cette affaire ?
Dès
samedi, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, a condamné « avec
force ces violences » et « assuré la mobilisation de ses
services » pour « faire la lumère sur ces faits intolérables et
interpeller les auteurs ».
Le président du
Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, et celui de l’Assemblée de Corse,
Jean-Guy Talamoni, ont lancé un appel au calme et au refus de toute réaction
inappropriée ».
De son côté,
Florian Philippot a réagi au nom du Front national. « Rien d’étonnant
quand l’Etat laisse agir la racaille et la violence islamiste sans
réponse », a-t-il indiqué. Quant au parti Debout la France, il a exigé dans un communiqué
« l’interdiction générale et absolue du burkini sur toutes les plages
de France ».
#Sisco : rien d'étonnant
quand l'Etat laisse agir la racaille et la violence islamiste sans réponse !
L'ordre c'est pour quand ?
—
Florian Philippot (@f_philippot) August 14, 2016
De son côté, le
maire (PS) de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, a pris un arrêté interdisant le port
du burkini sur les plages de sa commune, a-t-il indiqué lundi matin. Il a
réuni, dimanche soir, un conseil municipal extraordinaire et a précisé que cet
arrêté serait enregistré en préfecture dès mardi matin. Il s'est appuyé sur
deux arrêtés similaires, notamment
celui de la mairie de Cannes (Alpes-Maritimes), validé récemment par la justice.
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