mardi 9 septembre 2014

Mémoire, compréhension, conscience



Avant un certain événement, j’avais de mes actes et donc de moi-même une certaine fierté. Ce contentement qui était de loin supérieur aux motifs de mécontentement m’incitait à poursuivre et à tâcher de faire toujours mieux qu’avant, en tous cas à faire de mon mieux. Je rebondissais à chaque fois, confiant dans mon potentiel. Mon cerveau retenait donc un fort aspect positif dont ma conscience était plutôt satisfaite.

Après la dégringolade, sorte de toboggan vers la sortie, petit à petit ne me sont revenus du passé, que les aspects négatifs, au point d’en occulter ce qui auparavant (de l’Odéon… Pardon, c’est une vanne des années 60, que nul ne peut comprendre et qui donc ne peut faire rire que moi), faisait ma fierté.
Ma mémoire mettait ainsi ma conscience en difficulté et je culpabilisais alors sur tous les actes ou les choix de ce passé qui m’obsédait autant.

Aujourd’hui, après avoir digéré plus ou moins les traumatismes accidentels ou psychologiques, je m’aperçois d’une chose. Il me faut faire le tri entre tous ces souvenirs et les passer dans une grille d’analyse simple afin de déterminer par la compréhension, mon degré de responsabilité, dans ce qui pèse sur ma conscience.

J’ai commencé et suis loin d’avoir terminé. Mais j’avoue que le début est très encourageant.

En fait, les sujets à remords remémorés ne portent pas sur des actes destinés à faire mal à autrui, mais plutôt sur mon incompétence à empêcher que l’on ne me fit du mal et cela sous deux formes différentes : D’une part l’inattention des mauvais coups hourdis contre moi, d’autre part ma volonté inébranlable d’obéir à ma conscience même si je savais quel allait en être le prix.

Donc d’un coté mon inattention j’en étais responsable bien sur, mais pas coupable pour autant. Quand à mes actes prémédités, comment puis-je avoir des remords de conscience alors que je les ai à l’époque commis en accord total avec ma conscience ?

Disons, que l’injustice que m’a fait subir le destin en est la cause et m’a fait considérer la situation imprévue comme un grand échec personnel… Alors, tout mon passé devenait une série d’échecs personnels qui pouvaient ainsi justifier le mauvais sort ‘mérité’ qui s’abattait sur moi. Je ne pouvais finir autrement puisque j’avais toujours été mauvais…

Quant à mes actes, ils ont été destinés à aider autrui, à établir une sorte d’équité dans le microcosme dont j’étais responsable, à sauver des emplois, à sauver des chantiers, parfois des vies et même si parfois il m’a fallu licencier ou sévir, c’est toujours dans l’intérêt du plus grand nombre. J’ai coupé des branches pour sauver des arbres. Jamais je n’ai agi dans mon intérêt personnel unique, comme beaucoup de gens que j’ai croisés.

Il est vrai que bien des années plus tard, je puisse encore m’interroger sur la validité de certains choix. Ai-je commis des erreurs ? Certainement. Ma solution était-elle la meilleure ?

Mais finalement, même en excluant ceux fort nombreux qui n’ont agit que dans leur intérêt personnel en piétinant les autres,  quand je pense à certains collègues que je connais bien, qui n’ont jamais pris de décision, qui n’ont que « fonctionné », même à des postes de responsabilité, je sais qu’ils ont bien plus de cadavres dans leurs placards, dus essentiellement à leur inaction et à leur indécision, mais au moins ils ont l’air de n’en rien savoir et mènent des jours heureux !

Je crois que j’ai été très injuste avec moi-même ces sept dernières années… Et pour faire simple, j’ai été très responsable, mais très peu coupable et il est temps que ma compréhension et ma mémoire fassent en sorte de laisser ma conscience en paix, même si cela doit prendre encore un certain temps...

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