mardi 12 août 2025

Mémoires et radotages (651) – L’homme ne nait jamais « bon » mais souvent « con »

 


Écrit le lundi 11 août 2025

Finalement on en revient toujours à nos observations et nos obsessions !

Je disais que Rousseau prétendait que l’homme naissait « bon ». Cette idéologie empoisonne notre vie au-delà de toute mesure, de toute raison, puisqu’elle n’est aucunement raisonnable !

Je prétends qu’à sa naissance, l’être humain est ce qu’il est, c'est-à-dire ce qu’il a, par exemple dans son patrimoine génétique et dans les hasards des erreurs de fabrication de la nature, qui parfois attribuent le gène du criminel, une sociopathie, une difformité anatomique ou cérébrale quelconque …

Ainsi chacun contient dans le plus profond de son être, le bien et le mal, mais en quantités et proportions différentes d’un individu à l’autre…

Il y a aussi un autre paramètre : Le degré d’intelligence… Rousseau aurait dit l’homme peut naitre « CON », j’aurais applaudi des deux mains ! Et enfin, il y a le caractère fort ou faible, déterminé ou influençable…

Car en fait, concrètement quand je vois tous ces rombiers (et rombières), sur cette terre où j’ai quand même fait les cent pas, je vois bien que le bien, le mal et la connerie, sont les trois ingrédients principaux de l’être humain ! Et non la « Bonté » ! Je viens donc de parler de « l’inné ».

Ensuite viennent se greffer les évènements, le vécu, le subi, et la façon dont ont les a vécus, qui causent des traumatismes, lesquels abiment les sentiments et le psychisme au point de créer une anormalité des cerveaux, si je puis dire (enfants battus, violés, élevés dans des milieux malhonnêtes, élevés dans la haine, dans l’orgueil, etc…). et l’influence du milieu et de la culture. Quand un milieu culturel enseigne que le mal est le bien, les repères sont ainsi complètement déformés. Ceci s’appelle « l’acquis ».

Alors, à ce simple stade, on peut dire que le Rousseau est bien un simplet avec sa « bonté » innée ! Mais ne parlons plus de cet ancêtre arriéré ! A ce stade, la bonté en a pris un sale coup ! Il en reste chez certains…

Comme je le dis, la gent humaine comprend beaucoup de cons ! On en voit plein chaque jour. Et c’est dans l’action et la parole que nous pouvons les détecter (Tant qu’ils sont inertes, on ne voit rien, heureusement pour eux !).

………………..

Perso, j’ai eu la chance (est-ce une chance d’ailleurs ?), de venir au monde dans une famille aimante, protectrice, aux valeurs d’honnêteté et de travail (sont-ce des bonnes valeurs d’ailleurs ?)… J’ai ensuite reproduit ces valeurs et cet amour avec la famille que j’ai fondé à 38 ans… Et le résultat est vraiment flagrant : même résultat ! Des enfants aimants, honnêtes, travailleurs, consciencieux, fidèles en amour et en amitié…

J’apprécie bien évidemment ces qualités chez mes enfants, mais parfois je me dis que ces valeurs dont je suis si fier, ne sont probablement pas celles que j’aurais du leur transmettre. Je tire cette conclusion de ce que je vois autour de moi : Ce sont les rapaces, les prédateurs, les malfaisants qui réussissent et jamais les blanches colombes… Les blanches colombes, elles se font becqueter !

Mais comment aurais-je pu leur enseigner ces « valeurs prédatrices » pour réussir, ces valeurs fondées sur le « mal » ? Encore aurait-il fallu que j’apprécie ces comportements pour les enseigner à mes fils… Je suis et serai toujours le mouton que l’on tond, qui grogne certes, mais qui ne sera jamais celui qui tond les autres…

Il est possible qu’un jour mes enfants me reprochent la condition dans laquelle ils sont ! Et cela me fait peur ! Peur de ne plus être aimé par eux !

         


Léo Ferré - Le Pont Mirabeau (Apollinaire)

 




dimanche 10 août 2025

Mémoires et radotages (650) – Mon ami Michel B. – Des idées noires

 


Écrit le 09 août 2025

Jeudi 7 août…

La route fut difficile à parcourir, malgré le mois d’août qui envoie les Franciliens en vacances…

De plus, le nouvel EHPAD où est placé Michel B. ne reçoit les visiteurs qu’à partir de 13h30… Inutile de dire que mon temps de visite était compté, car je ne voulais pas être coincé dans le rush de ceux qui rentrent chez eux… Et puis je n’ai plus l’habitude de ces fous… Il y en a même un qui m’a doublé sur la droite… C’est vraiment la guerre… Il y a quelques années le gus aurait tâté de mon poing sur sa gueule… Mais maintenant, faible comme je suis, j’écrase ma gueule… Ou disons, je gueule mais je ne mords pas…

Une heure et demie je suis resté avec mon ami Michel… L’année dernière les batteries de mes appareils auditifs sont tombées en panne en arrivant pour le voir… Cette année, j’ai carrément oublié de prendre mes appareils… Quelle tête, j’ai…

Alors comme Michel parle tout bas, j’avais beau approcher mon oreille de sa bouche j’entravais que dalle ! Et si parfois je devinais ce qu’il disait, en fait je comprenais qu’il commençait une phrase, mais ne la finissait pas et faisait des gestes et des mimiques incompréhensibles…

Du coup, ma visite fut un monologue de ma part… Quand je lui parlais de sa fille et de son petit fils, ses yeux s’animaient et une esquisse de sourire se devinait sur son visage…

Je me suis retenu… Mais dès qu’après l’avoir embrassé, j’ai quitté le salon orange, mes larmes ont jailli…

Oui, voilà la vie… Mon ami Michel qui se rapproche du grand trou…

………………..

J’ai ensuite pensé à mes parents… Une nouvelle fois… Ma femme me dit qu’elle rêve de sa mère toutes les nuits… Je ne rêve jamais de mes parents, mais je pense à eux presque tous les jours.

Mon père était un peu braque, ma mère protectrice… Mais je voudrais tant qu’ils soient encore là ! Ils s’inquiétaient quand on reprenait la route, nous appelaient pour savoir si on était bien arrivés… Exactement ce que nous faisons avec nos fils ! Maintenant, je comprends enfin ce qu’est l’amour des parents pour leur progéniture… Mais il est trop tard pour partager avec mes parents… L’injustice de la mort, voilà ce qu’est la vie finalement : Tout ça pour ça !

Et bientôt ce sera mon tour… Comment vont-ils se démerder, mes fils et leur tit’man ? Seront-ils solidaires, comme ils me l’ont promis ?

Et j’ai tant de chose à mettre en ordre avant de m’en aller…

Du coup, à peine je fus rentré à la maison après 160 km dont 60 de travaux, d’embouteillages et d’embrouilles… Je me mis à régulariser nos deux lignes de portables à ma femme et à moi… Oui, les noms avaient été inversés par rapports à nos numéros, dès le début, à cause du logiciel de merde de SFR et je payais les deux abonnements (mais ça c'était prévu). C’est réglé. Son numéro est maintenant à elle, mon numéro est à moi et son abonnement est prélevé sur son compte… comme ça quand je calancherai…

Mais il reste sa vieille voiture qui est à mon nom et l’assurance aussi…

J’ai essayé de voir sur internet comment on fait. Dans le temps on téléchargeait un certificat de non-gage et on barrait la carte grise « vendu le » à untel et on se précipitait à la préfecture…

Ah ben maintenant que nenni ! Je n’y comprends que dalle , nib !

Ils expliquent mais je ne comprends pas ce que doit faire le vendeur ni ce que doit faire l’acheteur… Bravo la Macronie de mes deux !!! Il va me falloir une assistance… Chez Renault si je paye les frais, me feront-ils la démarche ? Ou bien chez France services ?

France services ça n’avait pas donné grand chose quand Nono a eu un problème de mot de passe sur ameli… Heureusement Nono s’est démerdé tout seul, sinon, il attendrait encore…

Il est temps de quitter ce monde de plus en plus compliqué, de plus en plus con…

Mais avant j’aimerais que Toto ait retrouvé un boulot en CDI, mon pauvre bonhomme, parce que quand je ne serais plus là, comment vont-ils se débrouiller financièrement ?

Et puis il y aura aussi la mutuelle, dont je paye les deux parts… Elle se démerdera pour faire changer…

……………….

Ouais, cette visite m’a donné des idées noires…

         

C Jérome - Adieu Jolie Candy

 




mardi 5 août 2025

Mémoires et radotages (649) – Rousseau : Jean-Jacques, Le douanier et Sandrine !

 


Écrit le 5 août 2025 (par zalandeau comme toujours)

J’ai bien aimé l’œuvre du douanier Rousseau…

Par contre je me souviens de mes cours au collège, et me rappelle que Jean-Jacques Rousseau ne me plaisait pas du tout « l’Homme nait bon » ! Mon cul ! Je n’aime pas ce type empli d’idéologies idiotes… Je lui préfère Voltaire, Montesquieu ou Descartes, des gens avec les pieds sur terre, réalistes, cartésiens !

Mais décidemment les Rousseau (à part le Douanier qui, bien que rêveur réalisant son rêve, n’a pas semé d’idéologie pourrie autour de lui), sont vraiment des idéologues… Je pense précisément à Sandrine Rousseau : Ecœurante elle aussi de bêtise et d’endoctrinement…

J’en conclu que Jean-Jacques était le premier « Woke »… Et que si on pouvait envoyer un tueur dans le passé, il devrait étrangler Jean-Jacques avec son cordon ombilical, ça nous ferait beaucoup de bien…

Je sais on va dire que je suis trop radical… Mais tous ces Wokes, sont-ils tolérants, modérés, compréhensifs ? Non ! Ils sont ultra-radicaux (et bêtes comme des cochons, quoique les cochons soient bien plus intelligents qu'eux) ! A la violence, pour empêcher qu’elle ne croisse et ne se propage, il faut opposer une violence contraire (violence régalienne)…

Nos gouvernants avaient compris cela, dans le temps ! Mais maintenant, ils ne sont plus des gouvernants, mais des fantoches, juste bon à sauver leurs places et leur caste !

Quand les Français éliront-ils un homme courageux, volontaire, réaliste, aimant la France et les Français, rétablissant l'ordre, la sécurité et les bonnes mœurs ?

On ne sait pas… On ne sait plus (José dans scènes de ménage) !

         

Real 1950s Rock & Roll, Rockabilly dance from lindy hop

 




dimanche 3 août 2025

Mémoires et radotages (648) – Charbon, silicose et cancers

 

Écrit le 3 août 2025

Je n'ai eu que six mois de mon premier stage (stage ouvrier), comme expérience de l'exploitation de la mine de Charbon à Forbach puits Simon III, de -400m à -1000m... Pas le temps de découvrir autre chose que la mortalité par silicose des mineurs de manière précoce...

Mais j'ai découvert cet article qui suggère d'autres réflexions :

https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/charbon-quels-dangers

En fait, le charbon contient du radon... Et cet élément radioactif  est un vecteur tout à fait possible d'autres maladies cancéreuses... On ne nous le dit pas, mais la simple évocation du radon suffit à elle-même !!!


Raoul de Godewarsvelde - Tu n'es qu'un employé

 




vendredi 1 août 2025

Mémoires et radotages (647) – La France envahie par les migrants et occupée par Trump

 


Écrit le 1er août 2025

On avait déjà une submersion migratoire...

Avec le coup de Trump et notre aplatissement servile... Je suis vexé d'être européen et j'ai grande honte d'être Français...

Ma vie et l'histoire de France que j'ai apprise, ne m'ont pas montré une telle image de la France qui au contraire, était fière et honorée...

Là, j'ai l'impression de revivre l'humiliation que mes parents ont vécu en 40 jusqu'à 45... La honte la plus absolue.

Notre personnel politique est plus bas que tout, une bande de vauriens dans le sens de ne valoir rien du tout !!! C'est la honte de mon pays qui envahit mon cerveau comme jamais je ne l'avais vécue en trois quart de siècle !

Fallait-il cela pour achever l'effondrement de notre identité ? Ils veulent nous anéantir... C'est eux qu'il faut anéantir, ces bons à rien, ces mauvais à tout !

Français, dressez-vous ! Chassez ces êtres serviles, peureux, incapables, nuisibles !

Zalandeau



Raoul de Godewarsvelde - Quand la Mer Monte 1968

 




Raoul de Godewarsvelde - Le p'tit quinquin (Ambiance Lilloise)

 




samedi 26 juillet 2025

Opération Églantine - GM 100

 


Opération Églantine
Groupement Mobile N°100 (G.M. 100)
ANKHÉ, Centre Annam, 24 Juin 1954
INDOCHINE - Les Combats Oubliés

 

1- Le repli...

Par Léon C. Rochotte

(L'auteur assume la responsabilité des opinions, citations, résumés et interprétations exprimés dans cet article)

D'après Jean ARRIGHI

Prologue

Fin 1952, la situation dans ce Tonkin que l'on commençait à appeler "Nord Viêtnam" n'était pas particulièrement brillante pour les Forces Françaises. On savait depuis VINH YEN comment le Viêt-Minh aidé par la Chine était devenu une force considérable. Son corps de bataille, fort de sept Divisions d'Infanterie et d'une Division lourde pouvait, dans chaque zone, obtenir l'appui de nombreux bataillons régionaux d'emploi local, et de la logistique constituée de dizaines de milliers de porteurs (sans oublier le "ravitaillement mobile", ces troupeaux de centaines de buffles réquisitionnés...).

En Centre Annam à cette époque, le Viêt-Minh contrôle un vaste territoire allant de Faifo au Nord, au Cap Varella au Sud soit approximativement un rectangle de 350 sur 70 kilomètres. Cette zone correspond à la région Lien-Khu 5 de l'organisation viêt-minh. Le lieu géomètrique en est ANKHÉ, à une soixantaine de kilomètres à l'intérieur des terres, situé à la bordure orientale du plateau de Kontum entre les cols du Mang Yang et celui du Déo Mang, qui allait devoir faire face en permanence aux 12 bataillons réguliers et aux 6 excellentes unités régionales du Viêt Minh de cette province.

Suite à l'attaque de trois postes du secteur le 18 Janvier 1953, le haut commandement français va décider de l'opération ATLANTE destinée à tenter de se débarrasser de la menace viêt-minh dans la zone. Cette opération combinée et pour partie amphibie va se développer progressivement à partir du 20 dans la région de Qui-Nhon. Cinq Groupements Mobiles y seront en particulier affectés les GM 11, 21, 41, 42 à base de Vietnamiens de Cochinchine, d'Annam, et de montagnards des Hauts Plateaux, aux qualités combatives très inégales, et du GM 10 à ossature Tirailleurs Algériens. L'opération Atlante remportera quelques succès, jamais décisifs. D'ailleurs, la puissance viêt-minh ne cessera de se renforcer en Annam comme au Tonkin, acculant rapidement les forces françaises à la défensive.

Le Groupement Mobile 100 (GM 100)

Pour renforcer l'activité opérationnelle en Centre Annam, le Commandement va décider en Novembre 1953 de la création d'une puissante unité. L'ossature en sera le Bataillon de Corée récemment débarqué à Saïgon, dédoublé, et transformé en Régiment de Corée par adjonction de quatre compagnies autochtones de qualité. Les 7ème et 8ème compagnies du nouveau régiment furent constituées par intégration du célèbre Commando Bergerol, des Khmers de Cochinchine. S'y adjoindra le Bataillon de marche du 43ème Régiment d'Infanterie Coloniale, unité aguerrie composée d'éléments franco-cambodgiens très endurcis et rompus au combat de jungle. L'artillerie sera servie par le 2ème Groupe du 10ème Rgt. d'Artillerie Coloniale avec 12 pièces de 105mm. Les 12 chars seront ceux du 3ème Escadron du 5ème Régiment de Cuirassiers, le "Royal Pologne". Au total 3.500 hommes placés sous les ordres du Colonel BARROU.

C'est tout de suite l'engagement: embuscades de Kon Brai, puis celle de la route 14, les Viêts viennent tester le GM100. En Février 1954, plusieurs compagnies du GM100 font partie de la défense du poste de DAK DOA assailli par des forces infiniment supérieures en nombre. Pour des raisons inconnues le commandement des Hauts Plateaux interdira au gros du GM100 d'aller porter secours aux assiègés provoquant la colère des "Coréens". Malgré une défense héroïque, Dak Doa tombera. Il n'y aura qu'une quarantaine de survivants...

Les combats qui suivirent furent terribles pour le Viêt Minh à LA PIT, à PLEI RIN. On estime à près de 3000 le nombre de soldats viêts mis hors de combat en peu de semaines. Le régiment viêt 803 frôla l'anéantissement; reconstitué, il allait prendre sa revanche quelque temps plus tard...

ANKHÉ

Sur la RC 19, Ankhé c'est surtout une suite de masures dans lesquelles s'intercalent quelques gros bâtiments en dur, des villas vestiges de l'Empire français vacillant, et une piste d'aviation sommaire. Fin Mars 1954, le GM100 reçoit ordre de s'y porter avec mission d'établir "un camp retranché". Pour ce faire, l'unité se vit adjoindre un Bataillon Vietnamien T.D.K.Q. (Truong Doan Kuin Quan, bataillons légers sud-vietnamiens récemment créés, peu entraînés, mal encadrés), un peloton de reconnaissance d'automitrailleuses (half-tracks), une antenne chirurgicale complète. Sur place, le GM100 héritera de très gros moyens du Génie avec bulldozers, chargés d'agrandir la piste, ce qui fut fait en un temps record. Le Génie entreprit aussi la pose de vastes champs de mines entre chacun des points d'appuis...

Des patrouilles ennemies et des embuscades ne cesseront de tester les défense du camp retranché. Parfois, une véritable opération locale est montée par nos forces pour tenter de percer, plusieurs kilomètres au Nord et à l'Ouest, les intentions viêt-minh. En Avril, après plusieurs attaques sur les convois de ravitaillement, le commandement décide de supprimer ces liaisons et la route fut fermée. Le camp est désormais isolé; il est relié à l'extérieur uniquement par avion.

Pendant ce temps, le camp retranché de DIEN BIEN PHU entre dans une interminable agonie. Son périmètre se rétrécit chaque jour. Le temps est effroyable et facilite la tâche des assaillants. Dien Bien Phu ne reçoit presque plus de parachutages et ne peut plus évacuer ses blessés. Les bombardements, quoique efficaces, ne sont pas assez nombreux par manque d'avions. Et la D.C.A. viêt, à base de 37mm soviétiques, est redoutable: le 15 Mars un avion d'assaut "Hellcat" de la Marine est abattu (un Hellcat s'était déjà écrasé le 13 dans le mauvais temps et ce sera le tour d'un bombardier en piqué "Helldiver" le 31 Mars). Le 9 Avril un autre Helldiver se fera descendre, le 12 Avril c'est un quadrimoteur "Privateer" de la Marine, pas de survivants. Le 23 et le 26 ce sont encore deux Hellcats... Et ce ne sera pas fini... Le 26 avril s'ouvre la conférence de Genève. Le Viêt Minh fait le forcing. Le 7 Mai, le dernier point de résistance est noyé sous une pluie de "Katiouchkas" (orgues de Staline). "Castor" tombera à 17h30... Dien Bien Phu c'est fini...

Opération ÉGLANTINE

Les camps retranchés ont fait leur temps et on va évacuer Ankhé avant qu'il ne soit assiègé à son tour. D'ailleurs, la stratègie du commandement français semblerait être un repli général de nos forces sur le 18ème parallèle, aussi bien du Tonkin que des plateaux montagnards du Centre Annam. Or Ankhé se trouve au Sud de ce 18ème parallèle, le dispositif Lien-Khu 5 du Viêt Minh formant un important saillant que l'opération Atlante était censée réduire... Quoiqu'il en soit, à l'État-Major, d'éminents stratèges vont décider du repli d'Ankhé sur le modèle catastrophique de Cao-Bang en 1950...

Pourtant, les Services de Renseignements français fonctionnent bien. On sait que sur le parcours de la RC 19, plusieurs régiments viêt-minhs se préparent: le 803, qui s'est refait une santé, le 810, le 120 et le 96 avec d'autres unités régulières et régionales rassemblées à coup de marches forcées, soit plus de 15000 combattants de première ligne, l'équivalent d'une division, appuyés par 25000 porteurs divers et brancardiers.

Malgré (à cause de ?) ces informations alarmantes, la date de l'opération sera avancée au 24 Juin au matin. Le GM100 seul, défilant en un énorme convoi par les routes de montagne, devra rejoindre PK22. On se passera de couverture aérienne. Les forces de soutien et de recueil ne sont pas synchrones. Pourtant l'évacuation devra se faire dans la journée.

Dès huit heures le convoi se constitue. En tête le Bataillon de Marche du 43ème d'Infanterie Coloniale avec les imposants engins du Génie, les camions et les canons de la 6ème Batterie. Ensuite les TDKQ vietnamiens et le peloton de half-tracks, les véhicules de l'état-major du GM ainsi que le PC du 10ème Régiment d'Artillerie Coloniale. Puis le 2/Corée avec la 4ème Batterie d'artillerie, les camions du bureau postal, le service social et son camion bazar, les véhicules des essences. Enfin le 1/Corée avec la 5ème Batterie, les camions du service du matériel, toutes les ambulances et l'antenne chirurgicale.

Il faudra dérouler huit kilomètres de piste pour permettre au dernier des 240 véhicules du convoi de passer à hauteur du blockhaus qui commande l'entrée d'Ankhé...

Au flanc Nord de l'itinéraire, la 7ème Bergerol et la 6ème Compagnie. Au Sud, la 5ème et la 8ème Bergerol. Les Coloniaux du 43ème RIC de tête ouvrent la marche en éclaireurs prudents. Les autres éléments d'Infanterie se répartissent de chaque côté de la route, encadrant les véhicules dont les gros GMC "chassis courts" qui tractent les pièces de 105mm dans le vrombrissement de leurs puissants moteurs. Vers midi on atteint PK12. Le "criquet" (un avion léger d'observation Morane 502) signale la présence de nombreuses coupures de route et des barrages de pierres vers PK15. Les détachements se mettent en disposition de combat et progressent lentement en peinant dans le sillage surchauffé des véhicules dangereusement resserrés.

Embuscade

À partir de PK15, la route fait un large arc de cercle et traverse une petite plaine couverte de hautes herbes à éléphants... La jungle bruissante à l'habitude, est anormalement calme... Un premier barrage de pierres... On met en œuvre un bulldozer... le convoi stoppe...

Il est 14 heures 15 quand l'enfer se déclenche soudain. L'embuscade est montée avec une science militaire consommée sur trois kilomètres entre PK 12 et PK 15. Le point critique de l'attaque se situe dans un tournant en épingle à cheveux précédé par un tronçon de route droite d'une centaine de mètres. Sur la ligne de crête à 200m, seize mortiers de 81mm parfaitement camouflés. Un déluge d'obus SKZ de canons sans recul de 57mm, de bombes à manche, de grenades à fusils s'abat sur les véhicules de commandement du GM 100 qui sera ainsi décapité dans le premier quart d'heure. Le convoi est pris sous les tirs d'enfilade d'armes automatiques. Les engins du Génie qui ont donc dépassé le tournant sont pris sous les feux croisés. Les conducteurs sont tués ou blessés, d'autres sautent dans les fossés cherchant un abri illusoire. La route est bloquée...

En quelques minutes, état-major et transmissions sont hors de combat.

C'est terrible d'efficacité. À la soudaineté de l'attaque s'ajoute l'énorme effet de brutalité dû au feu convergent et simultané des armes lourdes d'appui. Des vagues de centaines de "Bodoïs" hurlants montent à l'assaut porteurs de grenades et de ceintures d'explosifs. Les régionaux, les fameux Chu-Luc en noir, ne ralentissent pas leurs attaques en rangs serrés dans le désordre apparent de leurs fidèles porteurs de munitions et de leurs brancardiers. Nous sommes coincés le long d'un itinéraire encombré et nous ne pouvons pas manœuvrer. Nous voyons nos GMC, nos 4x4 et nos jeeps s'enflammer les uns après les autres. Sur des centaines de mètres des véhicules flambent avec leurs occupants. Sous la précision des tirs viêts, des camions de munitions sautent dans des explosions de fin du monde mêlant débris humains arrachés et morceaux de ferraille... Deux compagnies du BM du 43ème Colonial réussissent à forcer le passage tandis que les deux autres sont neutralisées sur la route avec la première rame et le PC anéanti du GM. Les Vietnamiens du TDKQ se montrent totalement incapables d'assurer la moindre protection latérale; d'ailleurs ils ne vont pas tarder à s'évanouir dans la nature, désertant.... Les auto-mitrailleuses half-tracks sont bloquées, certaines sont en feu, mais répondent rageusement de toutes leurs armes à l'insoutenable et écrasant enveloppement des armes automatiques adverses. Le Colonel Barrou lui-même se hissera sur un affût dont les servants sont morts et essayera de tirer à la 12,7 ne tardant pas à recevoir deux balles dans les genoux. Ses officiers sont presque tous blessés, ou morts.

Le 2/Corée remonte la route en toute hâte pour tenter de desserrer l'effroyable étau de tête, hachant l'ennemi. La 5ème Compagnie des Coloniaux et la 7ème Bergerol se battant comme des fauves, prennent tout le choc, engloutis sous des centaines de Bodoïs. Chaque section, chaque groupe mène à présent, sans trop de coordination, son propre combat de survie.

Notre Section colle à la 5ème Compagnie. Nos combattants tombent par intervalles de plus en plus brefs, blessés ou morts. L'un d'eux revient vers nous la face ouverte et béante, horrible à voir, soutenu par deux hommes également touchés au bras et à l'épaule. Tous les survivants de tête refluent. La Section que je commande reçoit mission de contrôler la portion d'itinéraire où nous sommes pour protèger le regroupement des blessés et leur acheminement vers la queue du convoi. À cette occasion, nous mènerons quatre assauts pour dégager la route. Les Viêts arrivent quand même à placer une 12,7 en enfilade. Le scénario s'accélère. Une auto mitrailleuse en feu déboule en marche arrière, conducteur penché par sa portière ouverte conduisant d'une main. C'est le Commandant Kleinmann, l'un des rares officiers supérieurs à ne pas être blessé. Il me lance en passant: "On se replie, Arrighi... Tenez encore un moment le temps de protèger les derniers éléments qui décrochent et d'emmener les blessés..." Mais où sont les forces de recueil promises...? Que fait donc l'aviation...?

Brusquement, une volée d'obus de mortiers de 81mm tombe à environ 200 mètres côté Nord. Difficile d'apprécier la distance. Une deuxième suit à moins de 100 mètres. La prochaine est pour nous... Je fais desserrer les hommes. Quelques instants plus tard je m'écroule avec la sensation douloureuse d'être perforé de partout au fer rouge. À quatre pattes, plein de sang, je regarde hébèté ma carabine tordue et ma radio TRPP8 en morceaux. Plié en deux, pantin grotesque, je vais grossir le lot des blessés...

Il est alors environ 17 heures 30. Deux solutions s'offrent au Commandant Kleinmann: se replier à PK11 pour former un hérisson et se défendre, ou abandonner le convoi et gagner coûte que coûte PK22 à pied par la brousse. Le commandement d'Atlante se prononça par message pour la deuxième solution. Le temps qui était lourd depuis le début de l'engagement se met aussi de la partie, une pluie drue et fraîche se met à tomber se transformant rapidement en véritables trombes d'eau. Inexplicablement les Viêts rompent le contact... Celà fait partie des impondérables du combat qui vous sont tout à coup favorables et se situent en dehors de toute logique!

Prisonnier...

Ce répit inespèré va permettre à nos éléments de se regrouper.

Les arrière-gardes du GM brûlent des véhicules avant de décrocher et font sauter les bouches des canons avec des grenades incendiaires.

Vers 19 heures, le GM100, épouvantablement éprouvé, se sera reformé en unités à peu près organisées sous la conduite d'officiers encore valides et du Commandant Kleinmann. Aidés par la nuit noire, les détachements s'enfoncent plein Sud pour contourner l'ennemi.

La pluie qui nous avait protégée ralenti considérablement notre cohorte de traînards formée de blessés et d'hommes épuisés... Mon récit s'arrêtera là car pour nombre de ces derniers, dont moi-même, ce sera la longue marche, hallucinante, vers les camps de la mort, prisonniers... Mais ce fût une toute autre aventure "qu'aucune bête au monde n'aurait su endurer".

Épilogue

L'embuscade Viêt-Minh du 24 Juin 1954 aura coûté à elle seule aux Forces Françaises du GM100, près de mille morts ou disparus en trois heures de combat. À Paris, l'Assemblée Nationale observera une minute de silence en leur mémoire...

Nos troupes parviendront à se regrouper à PK22 le lendemain, le Groupement Mobile 42 venant en recueil depuis MANG YANG avec des chars. Des parachutages viendront renforcer nos éléments et les hélicoptères sanitaires pourront évacuer les blessés sauvés. Mais les forces Viêt Minh ne cesseront de se montrer particulièrement incisives sur tout l'itinéraire de repli. La protection aérienne qui avait tant manqué précédemment, sera fournie principalement par la Marine et va se révèler déterminante.

Le paroxysme des combats allant jusqu'au corps à corps sera atteint le 28 Juin vers midi avec l'action combinée des 1 et 2 / Corée, des blindés du 3/ 5ème Cuirs et des canons de l'Artillerie Coloniale tirant à vue directe, jointe à l'intervention décisive "au plus près" des chasseurs Hellcats du Porte Avions ARROMANCHES. Ces actions causeront à l'ennemi, de l'aveu du Viêt Minh lui-même, d'horribles pertes, estimées à plus de 3000 hommes hors de combat, telles qu'elles l'obligeront à renoncer à l'assaut final et à décrocher (voir deuxième partie: "Ankhé, l'intervention aérienne").

Ce ne sera pas fini pour les combattants du GM100, du GM42 et autres vaillantes Unités Coloniales regroupées, qui continueront jusqu'à la fin à subir les puissants assauts d'un Viêt-Minh infiniment supérieur en nombre et particulièrement vindicatif jusqu'à la fin envers cet arrogant mais indestructible Régiment de Corée au badge d'épaule "à la Tête d'Indien" de la Deuxième Division Américaine, à DAK AYUN, puis à PLEI BON et enfin au CHU DREH le 17 Juillet 1954 (opération Myosotis) où, à trois jours du cessez-le-feu, le 1/Corée, placé en arrière garde du GM42, encaissera encore une terrible attaque ennemie sans pouvoir être utilement secouru...

"Ainsi, écrira le Général (cr) Robert Girard en Octobre 1999 dans une note communiquée au rédacteur, à la suite d'erreurs répétées, le GM100 se trouva réduit pratiquement au 2/Corée, lui même amoindri en effectifs, mais faisant toujours front à PLEIKU. Nous eûmes la petite joie de recueillir des camarades évadés de captivité, qui nous dirent les dures conditions qui leur étaient infligées (et nos amis n'étaient pas encore arrivés dans les camps dits de rééducation, où sévissaient des commissaires politiques, d'autant plus fanatiques et retors qu'ils étaient loin du danger, style Boudarel). Celà dura jusqu'au 1er Août, date de l'entrèe en vigueur de l'armistice sur notre territoire... Généralement mal engagés, face à un adversaire nombreux et acharné, éprouvés en hommes et en moyens, nous avons lutté jusqu'au bout..." (Robert Girard, alors Lieutenant, ancien du 22ème Régiment d'Infanterie Coloniale, effectuait son 2ème séjour en Indochine. Il était à l'époque le chef du 2ème Bureau du GM100, puis devint chef de la 7ème Compagnie Bergerol qui avait perdu son Capitaine...)

***
*

Jean ARRIGHI, rescapé de l'enfer, retrouvera un nouveau Régiment de Corée jusqu'en Algérie en tant que Commandant de Compagnie.

Écrivain militaire et surtout Témoin direct, il est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la Guerre d'Indochine et celle d'Algérie. Régine Deforges le cite comme une de ses sources dans son roman "LA DERNIÈRE COLLINE" (Arthème Fayard, 1996)

Il est notamment l'auteur de:

"INDOCHINE, LES COMBATS OUBLIÉS",
à L'Harmattan, Paris.

 


Serge Lama - Bordeaux

 




vendredi 25 juillet 2025

Opération Églantine - L'intervention aérienne

1954

J'avais 4 ans... Mes parents habitaient dans le quartier "chinois" de Saïgon, rue Jean Eudel... Nous avions la radio... J'entendais des reporters parler de bataille, sans bien entendu donner de détails précis,, mais je ne comprenais pas, bien sûr ! Je ne savais pas que  moins d'un an plus tard nous reviendrions en France...

Mais on finit par trouver, après coup, longtemps après, le récit exhaustif, de ces batailles coloniales, dont l'opération églantine, entre autres...

Liseurs-commentateurs du seul titre du post : s'abstenir !

Opération Églantine
L' intervention aérienne
ANKHÉ, Centre Annam, 24 Juin 1954
INDOCHINE - Les Combats Oubliés

 

2 - L' intervention aérienne

Études et Compilations par Léon C. ROCHOTTE
(Escorteur "La Grandière" F731 CORÉE 1950 15F Corsairs F4U7 1954/1956)

À la fin de la première partie "Le Repli", nous avions laissé Jean ARRIGHI au soir de la terrible bataille, blessé, tentant avec les éléments du GM 100 regroupés sous la conduite de quelques officiers encore valides et du Commandant KLEINMANN, de contourner l'ennemi pour gagner coute que coute PK22 à pied, par la brousse.

Jean n'y parviendra pas et pour lui comme pour bien d'autres ce sera "...la longue marche, hallucinante vers les camps de la mort... prisonniers."

Ce n'est qu'à partir du lendemain que les détachements regroupés du GM 100, recevront l'aide de la colonne de secours du GM 42 appuyée de façon décisive par les HELLCATS du Porte-Avion ARROMANCHES. L'étude proposée ci-après : "Ankhé 24 Juin 1954 - L'intervention aérienne" en fait un récit poignant à travers la sécheresse de ton des rapports de la Marine.

***
*

Marine Nationale - Aéronautique Navale en Indochine

Appui feu aérien :
Groupe des Porte-Avions d'Extrême Orient (G.P.A.E.O.)

Actions menées par les F6F5 "Hellcat"
de la 11ème Flottille de Chasse Embarquée

Ont également participé : - des B-26 de l'Armée de l'Air, avec pour certains, des équipages MARINE- des Grumman "Goose" de la 8S

***
*

Opération "Églantine"

1°- Extraits du Rapport d'Opérations, Chapitre C,
123 G.P.A État-Major
Groupe Porte Avions ARROMANCHES et Escorteur LE TUNISIEN

CHRONOLOGIE GÉNÉRALE : (depuis début Juin 1954)


- la 3F a ses avions à CAT BI, son personnel rallie par DC4 le "BOIS BELLEAU" à HONG KONG où il va remplacer au repos le personnel
de la 11F.

- la 11F, dont le personnel est rentré de HONG KONG ou de DALAT, après un mois de repos, redevient opérationnelle à partir du bord.


Du 8 au 23 Juin inclus : opérations au Nord Vietnam au profit du GATAC Nord, la 11F embarquée sur l'ARROMANCHES.

Du 23 au soir au 24 au soir : descente en Annam, opérations au profit du GATAC Centre au passage dans sa zone.

Du 25 au 29 à midi : opération "ÉGLANTINE"au profit du GATAC Sud. Le 29, la 3F redevient opérationnelle à partir de CAT BI d'où elle opèrera jusqu'au 13 Juillet


MISSIONS AÉRIENNES :

21 Juin : Appareillage à 09h15. Dix F6F (Hellcat) décollent pour bombarder un point sensible de la RP 13 au Sud de YEN BAY; un radier et la route sont coupés par six d'entre eux, tandis que les quatre autres se délestent de leurs bombes sur le TAM DAO, déroutés pour assurer la protection d'un pilote de Bearcat abattu qui s'est parachuté dans les bois de cette région et qu'ils ont eu la chance de repèrer au passage. Au retour, les patrouilles provoquent des incendies en straffant des paillottes dans la région de PHAT DIEM.
Le Groupe mouille aux NORWAY à 14h30.

22 Juin : le Groupe appareille à 9 heures. Dix sorties sont effectuées pour participer au bombardement du village de BI DO dans le HAI DUONG. Une bombe provoque une violente explosion suivie d'un nuage de fumée noire montant à 600 pieds. Au retour, les patrouilles font du straffing sur des embarcations et des coolies dans la région de NINH BINH.
Le Groupe mouille aux NORWAY vers 14 heures

23 Juin : le Groupe appareille à 8h45 et dix F6F coupent la RP 41 sur 50 mètres près de SUYUT puis au retour straffent une cinquantaine de sampans dans la région de NINH BINH et une cinquantaine d'autres dans l'Ouest de PHULY sur le SONG HOI.

Rentré au mouillage de l'Échelle à 13 heures pour ravitaillement, le groupe appareille dans la soirée pour rallier QUI NHON (Annam).

24 Juin : Au passage au large de VINH neuf sorties de straffing et de bombardement sont effectuées au profit du GATAC Centre sur les dépôts de la zone Émeraude. Trois dépôts du Sud de VINH sont ainsi détruits respectivement à 25, 40, 60 pour cent.


25 Juin : Le Groupe mis à la disposition du GATAC Sud à partir du 25 Juin pour l'opération Églantine se trouve à l'aube à une quinzaine de milles dans l'Est de QUI NHON où est installé le P.C. avancé du GATAC Sud. L'opération Églantine consiste à replier les troupes d'ANKHÉ sur PLEIKU par la RP 19. Celles-ci, constituées du GM 100 comprenant deux anciens Bataillons de Corée, un Bataillon de Coloniaux, et un Bataillon de Vietnamiens ont quitté ANKHÉ la veille en direction de PLEIKU, tandis que le GM 42 vient, en recueil, à sa rencontre de PLEIKU occuper le Col de MANG YANG sur la RP19. Tombé dans une forte embuscade vers 14 heures le 24 Juin, le GM 100 a abandonné les 250 véhicules du convoi dont une cinquantaine semblent incendiés. Tandis que le bataillon vietnamien passe du côté rebelle, les trois autres tentent de poursuivre leur progression vers PLEIKU.

Dès 7heures, deux patrouilles simples (2 x 4 F6F) sont mises en alerte, l'une à trente minute, l'autre à 90 minutes. À 09h 15 la première patrouille décolle et sera relevée régulièrement de façon à assurer une permanence en appui feu sur les troupes de 09h45 à 12h05 puis de 15h40 à 18h15. Nos patrouilles protègent le poste de SALA DAK XA WONG (K.22) où se regroupent les troupes et la progression du GM 42 venant du MANG YANG en recueil tandis que les parachutages de matériel sur K.22 (à 22 km d'Ankhé) et l'évacuation des blessés par hélicoptères sont assurés. En l'absence de guidage par criquet d'observation, dans la matinée, les F6F larguent leurs clusters* sur le dépôt d'essence abandonné d'ANKHÉ et l'incendient. Dans l'après-midi, ils attaquent les troupes Viet-minh sur guidage des criquets et facilitent le regroupement de nos Bataillons au K.22 et leur décrochage vers MANG YANG. Seize sorties d'appui direct ont été effectuées.

À la nuit, le Groupe mouille en rade de QUI NHON.

26 Juin : Le Groupe appareille à 06h30. Une patrouille simple est en alerte 30 minutes à partir de 07h00. Les F6F continuent à participer à la permanence en appui direct de 10h55 à 14h45 et de 16h50 à 18h35. Ils protègent les hélicoptères sanitaires qui se posent au Poste de MANG YANG et les Dakotas qui parachutent du matériel sur ce poste. Ils bombardent les 12 pièces de 105 du convoi abandonné et des travaux de campagne au voisinage de nos troupes. Dix-neuf sorties d'appui direct ont été enregistrées dans la journée.

Le soir, le Groupe mouille devant QUI NHON à 19h30

27 Juin : Appareillage à 06h30 pour tenir en alerte une patrouille à partir de 07h00. Comme la veille, la permanence en appui direct est demandée par le PC I.A. avancé de 09h15 à 12h30 et de 15h00 à 18h30. Sur guidage par criquets, les F6F straffent et bombardent les éléments Viet-Minh au plus près de nos troupes (150 mètres environ) en particulier au cours d'un passage d'un pont à 10 kilomètres à l'Ouest de MANG YANG. Ils assurent toujours la protection des hélicoptères et des parachutages le long du convoi. Seize sorties sont effectuées pour la journée, toujours en appui direct.
Le groupe mouille le soir à 19h 30 devant QUI NHON.

28 Juin : Le groupe appareille à 6h 30 pour avoir une patrouille en alerte à partir de 7h 30. La permanence en appui direct est demandée de 9h 30 à 12h 45 et de 14h 30 à 18h 30 dans les mêmes conditions que la veille. Seize sorties de F6F sont enregistrées et nos patrouilles interviennent vigoureusement toujours sous guidage de criquets au plus près des troupes amies qui ont de très sèrieux engagements avec les rebelles. Vers midi, en particulier, l'intervention d'une patrouille est assez heureuse pour causer aux rebelles des pertes extrêmement importantes, au point de faire échouer leur attaque qui avait commencé à détruire, en les incendiants, plusieurs véhicules du convoi. On ne peut donner de meilleur témoignage de cette efficacité qu'en citant les trois messages suivants émanant respectivement du Général de BEAUFORT, Commandant le Groupe Opérationnel du Centre, du Commandant du G.M. 42 et de l'Amiral commandant les F.M.E.O.

"N° 1851 GOPC 3 OPS - stop - Vous demande de transmettre à équipages Aéronautique Navale tous mes remerciements pour l'appui efficace apporté à leurs Camarades de l'Armée de Terre au cours des combats sur la R.C. 19 -stop- L'action de l'Aéronavale a été décisive à plusieurs reprises -stop- Tous Combattants ont été très sensibles à effort réalisé et m'ont chargé de vous témoigner leur reconnaissance"

Signé: Général de Beaufort

"Vous remercie vivement au nom du G.M. 100 et du G.M. 42 de votre appui au plus près entre 12h 45 et 13h 45 dans violent combat supporté par 43ème R.I.C. - 1er de CORÉE P.C. G.M. 42 -  3/5éme Cuirs et 4ème Groupe d'Artillerie contre une attaque de deux Bataillons Viet Minh venus au corps à corps. Pertes rebelles estimées par lui-même considérables ne lui ont pas permis de donner l'assaut final et il a été contraint au repli. Merci à tous"

Signé :  Lt. Colonel SOCKEEL

"N° 56.092 de Amiral FMEO - Ai été informé brillantes actions 11F au cours contacts sur route ANKHÉ - PLEIKU et pertes considérables infligées aux rebelles. Vous prie transmettre à cette formation mes vives félicitations "

De COMAR HANOÏ

Vers 20heures, le groupe mouille en rade de QUI NHON.

29 Juin : Le groupe appareille à 7 h, et trois patrouilles restent en alerte à 30 minutes toute la matinée, pour le cas où le convoi du GM 100 et du GM 42 qui arrive à proximité de PLEIKU aurait encore besoin d'appui direct. À midi, nous sommes informés que la mission au profit du GATAC SUD est terminée et le groupe fait route vers TOURANE où il mouille à 20h30.


Au TONKIN, la 3ème Flottille (3F Helldivers) dont le personnel est rentré de permission reprend ses opérations au profit du GATAC NORD en décollant de CAT BI, douze sorties de SB2C sont effectuées pour l'attaque d'implantations Viet Minh dans les villages de la région de NAM DINH, en liaison avec un convoi Marine qui procède à l'évacuation de nos postes du Sud du Delta.

30 Juin : L'ARROMANCHES au mouillage à TOURANE débarque trois F6F et trois SB2C indisponibles et fait route vers le Nord dans la soirée, ayant toujours la 11F opérationnelle à bord...

Depuis CAT BI, la 3F effectue 11 sorties en appui direct de nos troupes qui se replient dans le PHAT DIEM et le THAÏ BINH et détruit deux villages importants ...

***
*

Annexe 1 au Chapitre C

Dates

N

Sorties

24/6/54

3,

F6F N°897

Missions

 

 

Bombardement et straffing de hangars à 25km au Sud Est de VINH

 

Dates

N

Sorties

24/6/54

 

3, F6F N°898

Missions

 

 

Bombardement et straffing de paillottes à 15km dans le 100 de VINH

 

Dates

N

Sorties

 

3,

F6F N°899

Missions

 

 

Bombardement et straffing garage et route RP2 à 20km dans le Sud de VINH

 

Dates

N

Sorties

25/6/54

4,

F6F N°900

Missions

 

 

- Permanence en appui direct de 0945 à 1045 au dessus de la RP29 à 15km dans l'Ouest d'ANKHÉ. Pas de criquet à la verticale d'ANKHÉ.
Au cours reconnaissance de la RP19 entre ANKHÉ et PK22, aperçu convoi 300 véhicules abandonnés sur 3km. Cadavres et blessés.
50 camions et half-tracks incendiés. Convoi pillé. Aperçu 9 pièces de
105mm abandonnées.

PK22 a reçu un parachutage vers 1000 et semblait récupèrer rescapés du convoi. Poste demande médicaments.

Colonne de secours venant de MANG YANG à 1045: 1500 hommes et une
cinquantaine de véhicules et chars. Protection de la tête de la colonne.
- Bombardement et straffing sur dépôt essence intact situé au Sud de la
piste d'ANKHÉ. Moitié du dépôt détruite.

 

Dates

N

Sorties

25/6/54

4,

F6F N°901

Missions

 

 

- Permanence d'appui direct de 1020 à 1205. Une section au dessus du convoi détruit, une section au dessus de la colonne montante. Arrivée d'un criquet à 1050.
Signalé la situation au criquet: blessés sur la route et dans le convoi mais impossible de les aider.
À 1140 un Dakota parachute des colis sur le poste. Protègé Dakota.
À 1158 un hélicoptère se pose sur le poste. Protègé hélico.
À 1203 autre hélicoptère arrive. Passé la suite à "Rami Vert". Colonne montante n'est plus qu'à 700 mètres PK22.
- Bombardement sur dépôt d'essence situé au Sud de la piste d' ANKHÉ. Dépôt brûle.

 

Dates

N

Sorties

25/6/54

4,

F6F N°902

Missions

 

 

- Permanence en appui direct de 1530 à 1645: une section en protection des hélicoptères et au dessus de RP19, une section aux ordres du criquet.
Arrivée d'une centaine de véhicules à PK22. Observé signes de vie dans le convoi. Début de M.A.R. sur piste vers le Nord.
- Bombardement dépôt d'ingrédients au Sud de la piste d'ANKHÉ

 

Dates

N

Sorties

25/6/54

4,

F6F N°903

Missions

 

 

- Permanence en appui direct de 1650à 1815 au dessus de PK22 et de la RC19. Assure protection de ventilateur. Puis attaque de troupes Viêt Minh sur guidage criquet. Largage de clusters* et cinq passes de straffing.
Résultats non observables.
Assuré permanence pendant évacuation et destruction de PK22.
Assuré protection d'un ventilateur. Une passe de straffing sur dépôt d'essence d'ANKHÉ détruit à 80%.

 

Dates

N

Sorties

26/6/54

19,

F6F N°904

Missions

 

 

Permanence en appui direct de 1055 à 1445 et de 1650 à 1835 au dessus du convoi dans les environs de MANG YANG.
Protection de trois hélicoptères sanitaires et de 7 Dakotas parachutant sur le poste de MANG YANG.
Bombardé travaux de campagnes occupés par éléments Viet Minh à 1km au Sud du poste et les pièces d'artillerie en queue de convoi abandonné.
Straffing sur troupeau ravitaillement troupes Viet Minh: 50 buffles atteints...

 

Dates

N

Sorties

27/6/54

16,

F6F N°905

Missions

 

 

- Permanence en appui direct de 0915 à 1230 et de 1650 à 1830 au dessus du convoi du GM100 et du GM42 se repliant de MANG YANG vers PLEIKU. Appui direct sous guidage criquet au plus près possible des troupes amies qui occupent la route.
Après accrochage par mortiers et armes automatiques, les éléments de tête, blindés compris, se replient cap à l'Est sur le gros de la colonne.
Bombardé et straffé les abords immédiats de la RC19 à 130 mètres des troupes amies ainsi que les trous individuels occupés et emplacements d'armes ennemis voisins.
Entre 1500 et 1630, guidage par le PCIA sur VHF puis par Siebel.
Straffé pour protèger tête du convoi composé de chars pendant le passage d'un pont à 10km dans l'Ouest de MANG YANG.
Protection de l'hélico sanitaire et du parachutage par Dakota. Observé le convoi bivouaquant à 10 km à l'Ouest de MANG YANG.

 

Dates

N

Sorties

28/6/54

16,

F6F N°906

Missions

 

 

Permanence en appui direct de 0930 à 1245 et de 1430 à 1830 au dessus du GM100 et GM42 qui se replient sur PLEIKU.
Straffing à 0930 sous guidage criquet sur 2km le long de la RC19 devant le convoi et bombardements. Protection d'hélicoptères. Le convoi manœuvre vers le Sud pour éviter un carrefour.

1030: continué les straffings et bombardements sous guidage criquet.
1212: observé coup au but vietminh sur un de nos camions qui explose et incendie 5 autres véhicules. Tirs d'armes automatiques et harcèlement au mortier.

Straffing et bombardement sous direction du criquet au voisinage du convoi qui est violemment attaqué. Les pertes rebelles sont estimées comme étant très importantes (voir message Amiral FMEO).

L'après-midi M.A.R. sur pistes environnantes, protection hélicoptères sanitaires. Straffing et bombardement autour du point de bivouac du convoi.

 

Dates

N

Sorties

29/6/54

8,

F6F S/Nr

Missions

 

 

- Patrouilles en alerte 30mn de 0730. Pas de demande d'intervention aérienne pour protection du convoi vers PLEIKU.


Dates

N

Sorties

30/6/54

11,

SB2C N° 907

Missions

 

 

- Appui direct et attaque du village de AN. Toutes bombes au but. Village PHU dans le 150 de PHAT DIEM bombardé détruit à 50%... etc.

***
*

L'opération "ÉGLANTINE" est terminée pour l'Aéronavale qui continuera ses missions d'appui feu jusqu'au cessez le feu, le 20 Juillet 1954

Remerciements :

SERVICE HISTORIQUE DE LA MARINE,
Château de Vincennes

ARDHAN : Robert FEUILLOY, Secrétaire Général

Pilotes : - Roger VERCKEN (12F 1952-1953)
Auteur de "Au delà du Pont d'Envol" - Éditions Alérion 1995
- Jacques CAMPREDON (11F 1953-1954 : F6F5 Hellcats)

(*)"Clusters" : selon V.A. Roger VERCKEN, munitions spéciales d'origine américaine consistant en de petites bombes munies de parachutes explosant en menus fragments avant de toucher le sol. Larguées à basse altitude, "au passage". Ces munitions se sont montrèes particulièrement efficaces contre les personnels vietminh au sol. Attention de ne pas se laisser prendre dans les explosions en vol rasant!

Ont été également employées des munitions venues de la guerre de Corée: Butterflies M129 et M131, 260 FRAG


ADDENDUM

07/1999: e-mail reçu d'un Ami américain USMC:

Les choses auraient-elles pu tourner autrement si le Gouvernement Français avait requis l'aide des Américains auprès desquels nous avions combattu en Corée peu auparavant?

La question reste posée à travers ce souvenir d'un Marine:

Objet: Signed Guestbook
Date: Tue, 6 Jul 1999 09:45:49 -0400
De: "Caldara, Lucian" llc1@co.westchester.ny.us
A: "Léon C. Rochotte" <lcr.fn.korean.vet@wanadoo.fr>

Leon... I am pleased to read your accounts of the '50s. at URL:

<http://web.meganet.net/kman/nfleon.htm> Inchon invasion.

Too often, we forget the many nations who have had the losses and MIAs.

As a Marine, in 1954, I was with the 3d Marine Division in Japan and we were packed to go to Indo China. Dien Bien Phu fell to the Communists and the Armistice was accommodated. I was fortunate not to have gone to the jungles in 1954. I am sorry that we did not take earlier action, with the French, in Indo China, which would have settled the conflicts (I believe).

Lu Caldara
"Semper Fidelis"

49th Anniversary Ceremonies
Inchon Landing September 15th 1950
"Freedom is not free"
To be held : Sept 18, 1999, 1 p.m. at the new Korean War Memorial
Lasdon Park Somers, NY
Hosted by the Westchester County Veterans Committee
For Information: 242-6316
Email: LLC1@co.westchester.ny.us