jeudi 23 février 2023

Commission d’enquête souveraineté énergétique : des auditions accablantes pour les dirigeants politiques français (3)

 

Que faire face à des technocrates qui pensent avoir la science infuse ?

Christophe Boutin : Les anciens « technocrates » ne pensaient pas avoir la science infuse : on travaillait beaucoup – parfois trop - en réseaux, comités, conseil et autres structures, justement pour cela. Nos modernes conseillers du Prince ne l’ont pas plus, cette science infuse, et auraient tout autant de difficultés à prévoir pour le long terme dans tel ou tel dossier… mais ce n’est pas leur problème : ils ont à appliquer, et non à décider. À appliquer, d’abord, ces décisions de l’Union européenne qui ligotent les nations en leur interdisant peu à peu toute vraie expression de souveraineté. À appliquer, ensuite, cette logique managériale qui est la leur, conforme aux attentes d’une finance mondialisée. Et à part quelques croyants sincèrement convaincus de la mystique de la mondialisation, la plupart ne sont jamais que de simples exécutants.

Que faire face à eux ? Je vais être provocateur en disant qu’il ne faut pas moins d’État… mais plus d’État, et, selon la formule maintenant convenue, « mieux d’État ». Seule une aristocratie d’État, composée de fonctionnaires ayant le sens de l’État et celui du Bien commun - et donc le sens de la nation -, agissant en tenant compte des aspirations profondes du peuple et sous son contrôle ultime, peut s’opposer à une telle dérive. Il serait bon que la population en prenne conscience et ne se laisse plus abuser, cessant de confondre dans une même critique les « grands serviteurs de l’État » qui ont aidé à construire le pays et les idéologues mondialistes et leur suite de petits pillards que l’on semble croiser maintenant si facilement dans les couloirs des palais nationaux.

Charles Reviens : Il y a d’un côté des responsables politiques, leurs conseillers ou des hauts fonctionnaires pour lesquels les considérations de court terme en termes de communication ou d’impact électoral dominent les décisions. Il peut y avoir d’un autre des technocrates affranchis des contraintes politiques que peuvent penser avoir la science infuse.

Le bon équilibre bien à la bonne gestion d’un débat contradictoire et argumenté entre ces tendances, ce qui peut passer par l’évaluation des politiques publique qui hélas ne passionne pas grand monde en France.

Ces nominations politiques qui ont créé la crise énergétique : le cas de l’Ademe

Certaines nominations dans les instances de décisions concernant nos choix énergétiques permettent de s'interroger sur les responsabilités politiques dans le cadre de la crise énergétique. Boris Ravignon, le maire LR de Charleville-Mézières, devrait prendre la tête de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

Guilhem Dedoyard

Qui est responsable de la situation énergétique dans laquelle nous nous trouvons actuellement ? S’il n’est pas certain que des responsabilités judiciaires puissent être déterminées, les responsabilités politiques, elles, deviennent de plus en plus évidentes. Au plus haut niveau de l’État, et dans des instances de décisions concernant nos choix énergétiques, certaines nominations, souvent politiques, éclairent les choix faits depuis des décennies, notamment à l’égard de l’énergie nucléaire. À cet égard, l’ADEME est un exemple particulièrement criant. L’arrivée de Boris Ravignon, maire LR de Charleville-Mézières, un « pronucléaire » comme le souligne Le Point, pourrait marquer un véritable tournant pour cette institution qui, jusqu’à présent, a surtout connu des directeurs plutôt hostiles à l’atome.

Pour bien comprendre de quoi il est question, il faut se replonger en 1974. Le 6 mars 1974, le gouvernement français annonce un programme de construction de treize réacteurs nucléaires, le plan Messmer. Comme le rappelait Renaud Bécot dans Le Mouvement social en 2018, « le Bureau national de la CFDT prend position contre le plan d’équipement nucléaire […] ; cette décision est justifiée par un argumentaire anticapitaliste qui s’inscrit pleinement dans l’ossature idéologique de l’organisation : le socialisme démocratique ». Bernard Laponche est l’un des principaux artisans de cette ligne. D’abord délégué CFDT au CEA, il devient délégué fédéral pour l’énergie du syndicat avant d’intégrer, lors de sa création, en 1974, l’Agence pour les économies d’énergie (AEE). Parallèlement, il se rapproche de François Mitterrand et rejoint sa campagne pour la présidentielle. Une fois élu, le président entame une réforme des organismes traitant de l’énergie. L’AEE est fusionnée avec d’autres institutions au sein de l’Agence française pour la maîtrise des énergies (AFME), qui deviendra plus tard l’ADEME. Comme l’écrit Bernard Accoyer dans Une affaire d'Etat La tentative de sabordage du nucléaire français, « l’infiltration idéologique prend alors de l’ampleur sous l’impulsion du directeur des programmes de l’AFME, un certain Bernard Laponche », qui deviendra directeur général de 1984 à 1987. Dans son livre, l’ancien président de l’Assemblée nationale souligne que « Bernard Laponche n’est pas seul, loin de là, il a des alliés dans sa vision antinucléaire. L’un des militants les plus actifs est Benjamin Dessus. Cet ingénieur est présent dès la création de l’AFME dont il est nommé directeur de la recherche et, très vite également, directeur des services techniques. » Benjamin Dessus a notamment écrit, En finir avec le nucléaire, pourquoi et comment (Seuil, 2011) mais était déjà, en 2000, l’un des auteurs du rapport relatif au coût du nucléaire commandé par le Premier ministre, Lionel Jospin.

En 1991, l’AFME devient, par fusion avec d’autres organismes, l’ADEME. Là où l’AFME était encore sous la tutelle du ministère de l’Énergie et de la Recherche, l’ADEME se retrouve rattachée au ministère de l’Environnement (notre actuel ministère de la Transition écologique et solidaire). Bernard Accoyer note ceci : « Le levier pour transformer le système énergétique français depuis le coeur de l’État s’active et va pouvoir étendre son influence sur tout le ministère de l’Environnement. Celui-ci est méthodiquement investi par des nominations ‘‘d’amis’’ bien-pensants à la tête de ses services et direction ». Les ministres de l’environnement, souvent venus des rangs écologistes, ont la main sur les nominations à la tête de l’ADEME qui se retrouve régulièrement dirigée par des anti-nucléaires déclarés. En 1991, le premier directeur de l’ADEME est Michel Mousel, membre du PSU ; il signe en 1975 dans la Tribune socialiste (n°649) un texte justifiant la décision du PSU de s’opposer au plan Messmer. Son titre : « Énergie nucléaire : des risques pour 24 000 ans ». En 1997, c’est le directeur adjoint du cabinet de Dominique Voynet, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’environnement, qui prend la tête de l’ADEME : Pierre Radanne. Ce militant écologiste, fondateur du deuxième groupe des Amis de la Terre à Lille, est opposé au nucléaire. En 2005, dans son livre Énergies de ton siècle ! Des crises à la mutation, il propose une sortie du nucléaire civil avec les énergies renouvelables.

Au cabinet de Dominique Voynet, on retrouve aussi, à la même époque, Bernard Laponche. Il est conseiller technique pour les questions énergétiques et la sûreté nucléaire quand le surgénérateur SuperPhénix a été fermé par Lionel Jospin suite à l'accord passé avec les Verts pour former une majorité à l'Assemblée Nationale. Récemment, une vidéo datant d’un documentaire Arte de 2003 a refait surface. Dominique Voynet y explique comment elle a dupé le Premier ministre pour défendre son agenda anti-nucléaire :

L’audition Bréchet sur la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France : la vérité sans concession

Écrit par Thierry Benne 8 décembre 2022

Yves Bréchet, ancien Haut-commissaire à l’Energie atomique et membre de l’Académie des sciences, a été auditionné le 29 novembre par la commission d’enquête parlementaire visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France.

Une audition de plus de deux heures, qui sort de l’ordinaire et qui, au-delà du désastre, pointe sans langue de bois un certain nombre d’erreurs et de responsabilités, notamment chez un Président qui, depuis plus de dix ans, n’a jamais raisonné qu’en terme de communication, d’ambiguïté et de voix pour assurer son pouvoir, où l’intérêt national ne semble pas toujours prioritaire.

L’audition est tellement riche, tellement percutante que nous avons préféré, plutôt que de les paraphraser, reproduire directement en italique les propos de Monsieur Brèchet qui constituent donc le corps de cet article, auquel nous avons simplement ajouté en caractères droits les transitions et conclusions nécessaires.

Les fonctions de l’intervenant

Monsieur Brèchet se revendique comme un scientifique et un ingénieur, spécialiste de science des matériaux en général et de métallurgie en particulier et son pedigree est impressionnant, qu’on en juge plutôt :

Il a fait l’essentiel de sa carrière (1987-2012) dans le monde universitaire, Il est membre de l’Académie des sciences, ainsi que de plusieurs académies étrangères et professeur associé au Canada et en Australie. Il a occupé la fonction de Haut-Commissaire à l’Energie Atomique de 2012 à 2018, soit deux mandats de trois ans et il déclare clairement qu’il n’a pas souhaité être renouvelé en 2018 Il ajoute qu’il s’agit d’un poste prévu par la loi, poste de conseil scientifique auprès du gouvernement et de l’administrateur général du CEA, sur les missions du CEA et en particulier les missions concernant le nucléaire civil et militaire, ainsi que les questions liées à l’énergie en général. Il précise qu’il est positionné au sein du CEA, mais or la hiérarchie du CEA, ce qui lui assure une totale liberté de travail. Conseiller de l’exécutif pour les questions scientifiques et techniques concernant l’énergie nucléaire, il est membre du Comité de l’énergie atomique qui examine toutes questions relatives au CEA. Il est le conseiller scientifique et technique de l’Administrateur général du CEA pour l’orientation générale scientifique et technique du CEA. Il est responsable de la chaîne de sécurité pour l’intégrité des moyens concourant à la dissuasion et ne relevant pas du ministre de la Défense. Il est garant de la gestion patrimoniale des matières nucléaires nécessaires à la défense. Il préside le conseil scientifique de Framatome depuis 2019. Enfin, il souligne qu‘il est essentiel de comprendre que le poste qu’il a occupé au CEA est un poste de conseiller sans pouvoir décisionnel, le pouvoir de décision restant entre les mains de l’administrateur général.

L’arrêt de la FNR

Certes l’audition est riche, mais un grief capital émerge loin devant les autres : l’abandon en rase campagne de la filière à neutrons rapide qu’il présente très simplement comme savent le faire les grands scientifiques : La clé de voûte de cette stratégie était, identifiée dès les années 70, c’était la filière à neutrons rapides qui permettait, le moment venu, de requalifier des déchets en ressources, et d’assurer l’indépendance du pays en termes de ressources en uranium. On a alors un « nucléaire durable », qui n’utilise aucune ressource naturelle par définition épuisable, et résout la question des déchets. Un système circulaire pratiquement parfait et à émission de gaz à effet de serre minimal, Cette filière à neutrons rapides où la France était pionnière vient d’être abandonnée (en 2018) par une décision à courte vue qui restera dans l’histoire comme un modèle de stupidité ou de cynisme. Il est donc important de comprendre comment la cohérence d’une stratégie industrielle a cédé la place à l’opportunisme d’une stratégie de communication.

Cette décision, faisant suite à une série de renoncements concernant le parc électronucléaire, est emblématique de la disparition de l’Etat stratège en matière énergétique, et de la transition d’un « État stratège » vers un « État bavard ». Elle est aussi révélatrice d’une désinformation continue concernant cette filière, désinformation acceptée par l’État, quand elle n’est pas organisée par lui. La politique énergétique du pays a été décidée par un « canard sans tête », la chaine de décision publique est désastreuse. L’analyse scientifique des dossiers était systématiquement ignorée, broyé par un effet de cour qui était au service des gouvernants plus qu’au service du pays.

L’arrêt du programme ASTRID a été pris au plus haut niveau de l’exécutif (Président de la République et Premiers Ministres). Toutes les informations étaient disponibles, et ont été sciemment ignorées. Je ne sais pas si c’est pour des questions budgétaire (faire un investissement dont l’utilité de fera sentir d’ici une ou deux décennies) ou des raisons idéologiques (pari de pouvoir sortir du nucléaire, et donc inutilité du nucléaire durable). Dans le premier cas, c’est un raisonnement de chef comptable (les comptables n’ont jamais eu bonne presse !) qui n’est pas à la hauteur de politiques devant avoir une vision à long terme. Dans le second cas, c’est de l’inconscience de « sauter d’un avion en pariant qu’on aura tricoté le parachute qui évitera de s’écraser au sol ».Quelle que soit la cause de cette décision, elle relève pour moi d’une faute historique grave contre les intérêts de notre pays, une destruction de souveraineté énergétique patente, puisque les réacteurs à neutrons rapides, en brulant les 300 000 tonnes d’Uranium enrichi, nous auraient assuré des siècles d’indépendance énergétique…/…L’abandon de la filière avec l’arrêt d’Astrid est plus qu’une erreur, c’est une faute grave. Il est très important de comprendre que la filière à neutrons rapides est la clé de la fermeture du cycle, que la fermeture du cycle est la clé d’un nucléaire durable et indépendant en termes de ressources, qu’à ce titre c’est un outil de souveraineté nationale du point de vue énergétique et du point de vue industriel. Et surtout on comprend bien pourquoi les Verts n’en voulaient à aucun prix, puisqu’il leur retirait définitivement l’argument de peur et de culpabilité attaché au sort des déchets.

Les incohérences

La doctrine de libéralisation des marchés appliquée à un produit (l’électricité) dont la nature non stockable est à ce jour encore incontournable, et la démission des États européens face au besoin pourtant croissant de fournir à tous les citoyens une énergie à bon marché, a conduit à une déstructuration qui a pour conséquence une situation économiquement et politiquement intenable (prix négatifs, déstabilisation des réseaux)…/…La gestion de l’intermittence des Énergies renouvelables et leur déploiement massif conjugué avec la perte de capacités pilotables, à plusieurs fois signalée par l’Autorité de Sûreté Nucléaire, conduit à une dépendance grave vis-à-vis du gaz, au niveau européen, qui présente un risque géopolitique grave.

L’histoire récente nous en donne la preuve. L’électricité générée par le nucléaire est essentiellement décarbonée. Dans une optique de lutte contre le réchauffement climatique, il est absurde de dépenser des milliards pour décarboner une électricité déjà décarbonée…/… Ces constatations sont autant de signes que l’analyse scientifique et technique a déserté les rouages décisionnels de l’État.

Les responsables

Le prix à payer pour ces erreurs historiques sera lourd. La destruction, à l’heure même de l’urgence climatique, de ce qui a été un fleuron industriel du pays et qui constitue un de ses meilleurs atouts dans la lutte contre le dérèglement climatique, l’absence de stratégie claire dans le domaine électronucléaire en ce qui concerne le remplacement du parc, le sacrifice d’outils industriels amortis et au fonctionnement sûr …/.., relèvent au mieux de l’ignorance , au pire de l’idéologie…/…Elle est aussi révélatrice d’une désinformation continue concernant cette filière, désinformation acceptée par l’État, quand elle n’est pas organisée par lui. Cette filière à neutrons rapides où la France était pionnière vient d’être abandonnée (en 2018) par une décision à courte vue, qui restera dans l’histoire comme un modèle de stupidité ou de cynisme.

Inversement, la procrastination sur toutes les décisions concernant le nucléaire, la politique d’annonce dans l’attente des décisions concrètes de mise en chantier, montre une ignorance stupéfiante de l’inertie intrinsèque des industries lourdes et de la nécessité d’une vision stable à long terme pour conserver au bon niveau un outil industriel. Les causes ? La première est l’inculture scientifique et technique de notre classe politique. La seconde est le rôle des « conseillers techniques » dans les cabinets ministériels. Quel que soit le prestige de leur diplôme, ils se retrouvent à conseiller sur des sujets qu’ils ne maitrisent généralement pas un ministre qui ne se pose même pas la question. Leur premier souci sera trop souvent de ne dire à leur ministre que ce qu’il a envie d’entendre pour ne pas nuire à leur carrière à venir. Il n’est guère surprenant que lesdits conseillers n’aient qu’un enthousiasme limité à réunir un comité à l’énergie atomique qui aurait tôt fait de mettre à jour leur lacunes.

La politique énergétique du pays a été décidée par un « canard sans tête », la chaine de décision publique est désastreuse. L’analyse scientifique des dossiers était systématiquement ignorée, broyée par un effet de cour qui était au service des gouvernants plus qu’au service du pays. L’arrêt du programme ASTRID a été pris au plus haut niveau de l’exécutif (PR et PM). Toutes les informations étaient disponibles, et ont été sciemment ignorées…/. On doit admettre que les tergiversations multiples des gouvernements successifs dans la politique nucléaire ont grandement endommagé la réputation de la France comme partenaire fiable.

Les Français responsables, vraiment ?

Assurément le réquisitoire, aussi argumenté que documenté, est accablant. Il souligne notamment sur de très longues années (avant d’être élu Président de la République, E. Macron avait en effet conseillé son prédécesseur durant tout son mandat) un défaut total de logique industrielle et de bon sens tout court. Avec le souci prioritaire pour capter et conserver l’appui des Verts de « casser » la souveraineté énergétique, du pays en installant à marche forcée les chimères d’une nouvelle énergie, dont le caractère renouvelable ne saurait cacher qu’elle est surtout non pilotable. Ce qui en fait au mieux une énergie d’appoint puisque chaque éolienne, chaque panneau solaire suppose dissimulé un peu plus loin et même parfois beaucoup plus loin, l’existence d’un complément thermique ou nucléaire destiné à compenser leurs inévitables à-coups.

Apte à capter le pouvoir et à le conserver, notre Président n’est visiblement pas à l’aise dans la manière de l’exercer. On y discerne trop souvent un manque criant de stratégie, que favorise, c’est vrai, le fameux « en même temps » : en tout cas, l’arrêt de la filière Astrid n’est pas la seule lampe qui clignote en rouge sur le tableau de son passif où tout ce qui touche au régalien figure en bonne place. Certes le Président n’est pas responsable les désordres révélés sur certaines tubulures sensibles des réacteurs, mais quand elles affectent brusquement plus de la moitié de notre parc nucléaire, on peut s’interroger sur la qualité et la vigilance de la maintenance mise en place. On peut aussi se demander pourquoi en pleine crise énergétique on a laissé, sans prendre les réquisitions nécessaires, perdurer la grève d’une poignée d’électriciens, qui non seulement ont coûté 2€ milliards de pertes au pays, mais l’ont exposé sciemment en outre à un risque supplémentaire de coupures pendant l’hiver à venir. On ne comprend pas davantage comment, en récompense de ce forfait, le personnel de l’entreprise a obtenu illico une augmentation de près de 9,50% de la masse salariale, comme si le pouvoir de nuisance comptait plus dans notre République que le respect du service fait. Sur un autre plan, mais avec des effets également désastreux, la fermeture définitive de Fessenheim, a été une faute grave que n’excuse pas la double servilité de notre Président face au chantage des Verts et aux injonctions de la Chancelière Merkel qui, elle ne se gênait pas pour empuantir l’Europe avec ses centrales à charbon. Enfin, les désordres et les délais incroyables qui se sont accumulés sur l’EPR de Flamanville, comme sur l’EPR d’Olkiluoto en Finlande, confirment bien qu’il manquait un pilote dans l’avion.

Par ailleurs on remarque que sur le double plan de la démagogie et du défaut total d’anticipation, les deux derniers Présidents de la République, mais aussi Elisabeth Borne, avant qu’elle ne devienne Première Ministre (l’encart ci-dessous montre qu’elle sait toujours prendre le sens du vent), comme tous les Premiers Ministres qui l’ont précédée ces dix dernières années, comme aussi les Verts et leur phobie idéologique du nucléaire, tout ce beau monde courait vaillamment dans la même équipe qui réclamait stupidement une énergie décarbonée, comme si le plus sûr moyen de décarboner une énergie était de la supprimer. Ajoutez-y la dose qu’il faut de conseillers techniques incompétents, apeurés et courtisans que dénonce sans concession le Haut-Commissaire et vous obtiendrez une sorte de longue mise en berne de notre outil nucléaire, dont nous n’avons pas fini de payer le prix.

Alors les fautes sont tellement nombreuses et tellement graves qu’une fois de plus, le pouvoir refuse à la fois de les reconnaître et partant d’en assumer la responsabilité, même si son récent revirement à 180 degrés confirme bien qu’il était auparavant dans l’erreur et le déni. Mais comme toujours, il a trouvé un bouc émissaire, toujours le même : le peuple, c’est-à-dire vous et moi qui, face aux coupures à venir (lesquelles, soit dit en passant, ne devaient jamais arriver, le Président nous l’avait assuré), devons-nous montrer une fois de plus responsables ! De quoi, me direz-vous ? Allons réfléchissez un peu, faites un effort, souvenez-vous, ce n’est pas si vieux : qui donc un dimanche de printemps en 2017 et en 2022 a élu et réélu ce Président de la République, précisément parce qu’il avait solennellement promis au peuple de le protéger ?

         

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