Écrit le 29 mars 2022
Une décennie plus tard, les enfants ont pris une décennie de plus, eux aussi… Et donc, leurs comportements de l’époque où ils prenaient leurs envols, ont changé… S’ils étaient plus préoccupés par leurs copains, leurs fêtes, leurs vies, ils ont depuis, certainement réalisé que leurs parents étaient encore là. Ils ont probablement compris que la vie de leurs parents s’abrogeait de plus en plus et nous avons ainsi repris une large place dans leurs pensées…
Je sais que nos enfants nous aiment, chacun à leur manière, avec tendresse, avec élan, ou avec retenue, mais c’est très motivant pour que nous, nous continuions de vivre avec un but…
Les amis, qui me "ségrégaient", sont eux aussi passé du même coté de la barrière que moi, avec dix ans de plus… Ils sont donc revenus ce qu’ils étaient avant : des amis indéfectibles… Enfin, moins nombreux, certes, parce qu’il y a eu des pertes, mais amis comme avant pour ceux qui restent… Comme quoi, quand on change de catégorie (actif/inactif), on coupe temporairement le cordon ombilical…
Là aussi, les amis se sont fait plus vieux, plus déglingués, plus sages peut-être ?
On se voit moins souvent, parce que c’est loin, que conduire devient fatigant, que la pension augmente moins vite que le carburant… Nous rions moins forts des bêtises que nous avions faites ensemble… Ils marchent beaucoup plus doucement, ils parlent beaucoup plus doucement… Nous savons tous que la fin de la route est bien plus proche que son début…
Tout devient si difficile : S’organiser, se décider, faire, sont devenus des montagnes difficilement franchissables… Les retrouvailles : est-ce que j’en profite pour en même temps, faire un détour pour entretenir la tombe de mes parents, ça ne ferait qu’un seul très grand voyage, au lieu de deux moins grands ? Ou bien remets-je la visite à mes parents à l’année prochaine, ça ferait des économies, du moins pour cette année ?
Comment vais-je m’habiller pour les retrouvailles ? Ah, putain de problème qui se pose à moi avec de plus en plus d’acuité, alors que je sais pertinemment que cela n’a aucune espèce d’importance… Mais pour autant, mon cerveau se focalise sur ce détail idiot… Suis-je devenu idiot ? Pourquoi me posé-je des questions qui n’en sont pas ? Pourquoi mon apparence me tient-elle tant à cœur, alors même que je n’aime pas me faire remarquer ? Ma tenue vestimentaire ne doit plaire qu’à moi, et c’est cela le seul problème… Et pourquoi est-ce un problème alors que jadis, jamais ça ne l’a été ?...
Cela
fait un mois, que je retourne tout dans ma tête, je n’ai lancé aucune
réservation d’hôtel, aucun chèque de participation, aucune décision sur
la manière de faire le voyage, rien ! Il faut dire que mon cerveau ne
génère que des inquiétudes : Et si je tombais en panne, et si j'éclatais
mon budget annuel avec ces dépenses fortement majorées par la guerre de
Poutine et nos rétorsions boomerang, et si, et si, et si ?...
Moralité : L’efficacité, c’était avant !!! L’inefficacité c’est maintenant ! La témérité c'était avant, la peur c'est maintenant ! Utile pour certains, mais pour ce que je suis devenu, je dirais plutôt… inutile !