Note de zalandeau : Le covid est arrivé à point pour éclipser l’affaire des gilets jaunes sur l’écran médiatique et politique.
Michel Onfray, dans son livre « Grandeur du petit peuple », démystifie les pièges tendus par le pouvoir Macronien contre les Gilets jaunes, ces Français que l’on a pris comme têtes de turcs en lieu et place des véritables responsables de la crise sociétale que traverse notre pays… Livre intéressant, car il met en lumière le machiavélisme de l’état Macronien.
Voici ci-dessous de larges extraits du chapitre 21 : « L’or et le jaune ».
Par Michel Onfray en 2020 :
On parle beaucoup du fossé entre « le peuple » et « l’élite » en généralisant de part et d’autre, chacun disant que le peuple est nulle part puisqu’il est partout, vu que Macron ou Aphatie en font partie, ou que l’élite c’est l’autre, mais pas soi, surtout quand on est (par exemple), patron d’un parti, fût-il d’opposition, ou responsable d’un syndicat de gauche, ou rédacteur en chef d’un journal bien pensant, ou rappeur couvert d’or et issu des banlieues, ou bien, venu du même endroit, footballeur dévorant des entrecôtes recouvertes d’or…
Un angle d’attaque permet pourtant de comprendre que certains vivent sur une planète pendant qu’en face, un autre peuple se bat pour survivre dans un autre monde :c’est celui des Gilets jaunes. C’est une variation sur le thème de la lutte des classes. Mais cette lutte des classes n’oppose plus seulement, comme jadis chez Marx, les Bourgeois qui possèdent les moyens de production et les prolétaires qui ne les possèdent pas, car, à cette aune, le petit boulanger propriétaire de son fonds de commerce qu’il rembourse à sa banque depuis des années serait un « bourgeois », pendant que Carlos Ghosn, qui ne possède pas Renault-Nissan-Mitsubishi, n’en étant que le président-directeur-général, serait, si l’on en croit l’auteur du Capital, un prolétaire…
La France est fracturée entre ceux qui n’ont pas besoin de compter et peuvent dépenser sans regarder au coût avec pour seul souci, quand ils achètent le superflu, leur désir, leur plaisir, leur envie, et ceux qui sont obligés pour acquérir le nécessaire, de compter à l’euro près en sachant que la plupart des biens de consommation leur sont interdits – l’étal du poissonnier avec ses coquilles Saint-Jacques ces temps-ci ou le magasin du caviste qui vend vins et champagnes, les restaurants référencés sur Trip Advisor et les cafés branchés des centres-villes, les pâtisseries chics et les salons de thé, et je ne parle que d’alimentation…
Cette coupure radicale est une chose, une autre est que ceux qui bénéficient de cette coupure en étant du bon côté, ignorent les conditions de vie de ceux qui comptent pour acheter leurs pâtes et leurs boite de conserve dans des magasins Lidl. De ce côté de la barricade, il y a ceux qui ignorent et qui méprisent.
Cette fameuse entrecôte que Ribéry mange puis expose à la vue de tout le monde sur son compte, lui vaut une volée de commentaires agressifs. Il ne comprend pas. Voici sa réponse : « Commençons par les envieux [sic], nés sûrement d’une capote trouée : niquez vos mères, vos grand-mères et même votre arbre généalogique. Je ne vous dois rien, ma réussite, c’est avant tout grâce à Dieu, à moi, à mes proches et à ceux qui ont cru en moi, pour les autres, vous n’étiez que des cailloux dans mes chaussettes ». Il faut qu’Allah soit bien grand et très magnanime pour trouver le temps de conférer du talent sportif à ce garçon, encore un petit effort pour lui donner un gramme de sens moral…
Les salaires obscènes de sportifs, d’acteurs, de comédiens, de rappeurs, mais aussi de journalistes ou de politiciens qui se trouvent au top de la hiérarchie dans leur secteur, déconnectent véritablement leurs bénéficiaires des conditions de vies réelles de millions de Français.
Il n’y a rien à redire à une hiérarchie de salaires qui récompense les talents. En revanche, il y a à redire sur le grand écart de cette échelle de salaires. Et il y a vraiment à redire sur la terrible misère des revenus des malheureux qui se trouvent au bas de l’échelle sociale et qui vont du dénuement le plus absolu, la rue, à des salaires si bas qu’ils ne leur permettent pas de vivre, en passant par le quotidien chahuté par les précarités cumulées. On ne dit pas assez que des gens qui travaillent dorment dans leur voiture parce que leur salaire est insuffisant pour payer un loyer.
Le Huffington Post nous apprend que, sur la planète, « les 26 plus riches ont autant d’argent que la moitié de l’humanité »… Pourtant les Gilets jaunes n’ont pas manifesté de haine à l’endroit des hauts salaires, ils ne carburent pas au mépris des riches, ils ne fonctionnent pas au ressentiment envers ceux qui ont, ils ne disent nulle part leur envie que les riches soient vraiment moins riches, sinon franchement pauvres : ils veulent juste qu’on augmente leurs salaires de misère. A charge pour les hommes politiques, de faire en sorte que, dans la piscine dans laquelle Picsou prend ses bains d’or, on prélève la poignée qui leur permettra de vivre décemment, genre ISF, un prélèvement dont ledit Picsou ne se rendrait même pas compte tant ses nombreuses piscines regorgent d’or…
Ce qui m’étonne, c’est l’étonnement de ceux que ça étonne ! Ainsi Jacques Toubon, jadis porteur d’eau sale d’un Jacques Chirac qui soutenait alors des thèses (les bruits et les odeurs) que le Rassemblement National n’ose même plus défendre en matière d’immigration, se retrouve aujourd’hui « défenseur des droits » (prière de ne pas rire…). Cet homme « ne comprend pas » que son revenu puisse choquer : Il ne gagne en effet que dans les 30.000 euros par mois !
[Note de Zalandeau : Onfray énumère ensuite Chantal Jouanno rémunérée 15.000 euros pour animer le Grand Débat, qu’elle n’animera pas, mais en conservant son salaire, Benjamin Griveau, candidat à la Mairie de Paris, incapable d’habiter à Paris malgré son salaire confortable, mais qui a probablement « claqué son argent », Jack Lang place des Vosges, Laurent Fabius près du Panthéon ou Chirac quai Voltaire…]
Le jaune des gilets du même nom fonctionne comme un contre-pouvoir à l’or de ceux qui ne voient même plus qu’ils sont des privilégiés – ce que je suis, pour ma part, mais sans jamais l’oublier, dans quelque circonstance où je me trouve.
Les Gilets jaunes revendiquent de la dignité et de la décence. Ils ne veulent pas voler les riches ni les rendre franchement pauvres en s’appuyant sur l’idéologie "ressentimenteuse" d’un gauchisme ou d’un communisme dont ils ne se réclament pas.
[…] Pour qui n’aime ni la droite cynique ni la gauche des barbelés, il y a comme qui dirait, une ouverture…
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