Semaine
du 1er octobre 2018
Votre
Altesse,
Votre
Excellence,
Votre
Sérénité,
Mon
cher Manu,
Mon
Roy,
Mais
aussi:
Mon
Chéri,
Je
me permets en effet cette familiarité, mon cher Manu, car des photos t’ont
récemment montré partout sur la toile aux Antilles enlaçant un beau black,
bodybuildé en prison et luisant de sueur tropicale, ce qui semblait te
ravir jusqu'au plus profond – si tu me permets l’expression… Ton sourire béat
montre en effet que ta dilection va plus facilement à qui accompagne son selfie
avec toi d’un doigt d’honneur qu’aux intellectuels qui n’ont pas l’heur de te
plaire parce qu’ils ne te font pas la cour. Décidément, tu sembles n’aimer que
ceux qui te font savoir leur amour d’une façon qui ne prête pas à confusion: il
faut t’enlacer torse nu pour te plaire, essuyer sa transpiration sur ta chemise
blanche, et passer plus de temps en salle de sport qu’en bibliothèque. Je
comprends dès lors que le philosophe Etienne Balibar, avec lequel tu dis avoir
rédigé un mémoire universitaire sur Machiavel, n’ait plus le souvenir de toi.
Il n’est probablement pas assez couvert de sueur, trop âgé et trop intellectuel
à ton goût.
A
ceux qui voudraient augmenter un peu leur culture, ce qui n’est pas de trop ces
temps-ci, consultons l’encyclopédie en ligne Wikipédia, soyons fous! Elle nous
donne cette signification du doigt d’honneur: "Le majeur dressé autour des
autres doigts baissés évoque un phallus et le reste de la main, un
scrotum". Traduction pour qui ne maîtriserait pas toutes ces subtilités
lexicales, il s’agit tout bonnement d’un "doigt dans le cul". Le
doigt, on voit bien à qui il appartient, le cul, on se tâte – si je puis dire!
Est-ce le tien personnellement? Auquel cas c’est ton affaire, mais n’en
fais pas un étalage public: un président, ça ne devrait pas faire ça comme
dirait l’autre… Ce cul, est-ce le nôtre en tant que tu incarnes la souveraineté
populaire? Est-ce celui de la France dont tu es le corps mystique? On ne sait.
Mais cette fois-ci, ça nous concerne. Et permets qu’on puisse ne pas jouir
d’une pareille intromission dans notre intimité sans notre consentement.
Demande à madame Schiappa: c’est la définition légale du viol.
Quoi
qu’il en soit de ce fondement et de son propriétaire, c’est proprement manquer
de doigté envers la République que de se laisser mettre de la sorte en arborant
ce sourire radieux qui témoigne de ton contentement. Pareil goût relève de ta
vie privée qui est celle du second corps du roi, elle ne devrait pas affecter
ton premier corps qui est politique et républicain. Ce sourire, c’est le même
que tu arborais sur les marches de l’Elysée le jour de la fête de la musique en
compagnie d’une brochette d’individus, eux-aussi férus de ce très subtil
langage des signes. On ne dira pas que tu caches ton jeu. Il n’y a que les
crétins pour feindre que tu dissimules. Tu es du genre à nous le mettre bien
profond, pour dire clairement ce qui ne devrait pas te choquer sous forme de
mots, puisque la chose te ravit quand elle se trouve exprimée sous forme de
geste. Mais mettre ou ne pas mettre, là est la question…
Or,
cette question, tu l’as franchement résolue. Car, depuis quelque temps, tu
montres en effet que, toi ou tes services, vous n’avez pas grand souci de la
légalité (je ne parle plus de moralité, on sait désormais dans quelle estime tu
tiens toute morale…), je parle de légalité. En adoptant cet angle de vue,
on voit bien comment tu nous la mets, tu nous le mets, tu nous les mets…
D’abord,
premier doigt, il y eut cette étonnante évaporation de tes bénéfices en tant
que banquier chez Rothschild: tu sembles en effet avoir habilement fait
disparaître cette somme considérable de ta déclaration de patrimoine avant les
présidentielles. Quid en effet des cinq millions d’euros que tu as engrangés
comme banquier pendant huit ans et dont personne ne retrouve la trace ? (source
: "Cinq millions d’euros en huit ans, où est l’argent, Emmanuel
Macron?" dans Economie Matin du 16 février 2017). Cinq
millions, ça en fait des billets de cinq euros que tu voles dans la poche des
étudiants qui reçoivent l’APL!
Ensuite,
deuxième doigt, il y eut cette soirée de levée de fonds à Las Vegas qui a
permis, via des facturations de Havas-Business, le prestataire de service de
cette soirée apparemment effectuée sans appel d’offre, donc illégalement, de
dégager de considérables marges, en dizaines de milliers d’euros, pour le
candidat que tu étais alors. Qui organisait ce genre de soirée fort peu légale
? Muriel Pénicaud, ton actuelle ministre du travail (source : "Déplacement
de Macron à Las Vegas: la très chère soirée organisée par Havas" dans Le
Parisien du 8 juillet 2017). Fillon est tombé pour trois costumes:
cette seule soirée t’aurait permis d’acheter des pardessus et des pantalons
pour tout ton gouvernement et leurs cabinets pendant de longues années. Or, ce
ne fut pas la seule soirée ayant permis des largesses à ton endroit.
Troisième
doigt, devenu président, il y eut l’affaire Benalla. Chacun a eu le loisir,
durant ce feuilleton de l’été débordant sur la rentrée, de voir combien et
comment tu couvrais qui te couvre. Entre mensonges, stratégies de
communication, enfumage, intoxication, désinformation, instrumentalisation,
bien malin qui peut désormais savoir où se trouve la vérité. Dans cette
affaire, je veux n’en retenir qu’une. C’est une affaire dans l’affaire. Quand
ton petit protégé s’est retrouvé en garde à vue, la police n’a pu effectuer une
perquisition à son domicile pour cause de légalité: elle n’intervient pas
la nuit. Comment se fait-il qu’une équipe ait pu être diligentée pendant ce
temps-là au domicile de Benalla pour ouvrir son coffre et faire disparaître son
contenu, dont des armes à feu? Qui a dit quoi, et à qui, pour que ce forfait
qui entrave la bonne marche de la justice ait été commis? Et par qui? Il
faudrait demander à feu Gérard Collomb et lui demander si ça n’a pas un peu à
voir avec sa récente démission… On ne fera croire à personne que ce faux
cambriolage ait pu avoir lieu à cette heure, dans ce lieu, dans cet endroit de
l’appartement d’un homme que tu protèges contre vents et marées, sans que tu
sois un peu au courant! Qu’y-a-t-il entre lui et toi pour que se trouvent
détruites les preuves des coups tordus de cette affaire? De quels doigts et de
quels fondements symboliques, ou non, est-il ici question?
(source: "Affaire Benalla. Compagne introuvable, coffre-fort disparu…
les zones d’ombre subsistent" dans Ouest-France du 23 août
2018).
Puisque
nous sommes dans la cambriole, ajoutons un autre forfait, ce sera le quatrième
doigt, nous ne sommes pas bien loin de toute la main. Chacun sait désormais que
la communication de monsieur Benalla, qui mettait tant dans l’embarras monsieur
Collomb (un nom qui, je le jure sur ta tête, n’entre en rien dans ma métaphore
filée du doigt et du fondement…), est pilotée par la Reine Mimi.
Qui
est Mimi? Laissons parler les éditions Grasset qui publient bientôt une
biographie non autorisée du personnage. Voici la quatrième de couverture du
livre en question : "On l’appelle 'Mimi'. Michèle Marchand, la papesse des
paparazzis, la gardienne des rumeurs, des secrets de la politique et des
affaires. Elle collectionne les scoops sur les puissants mais elle a compris
que le plus utile n’était pas de les vendre. Les posséder suffit. Et en parler,
ici ou là. Elle ne dispose d’aucun titre officiel mais 'Mimi' se rend tous
les jeudis à l’Elysée. Son agence de presse, Bestimage, a l’exclusivité de
l’image de la Première Dame et de celles, privées, du couple Macron. (sic !)
Une manne. Et une première. Jamais un couple présidentiel n’avait concédé un
tel passe-droit à une 'petite marchande de photos'. Comment
'Mimi' a-t-elle pris le contrôle des secrets de Paris? Pourquoi lui est-il
accordé tant de privilèges? Que sait-elle? Que tait-elle? Difficile d’enquêter
sur cette femme, puissante et redoutée. Ses amis se taisent et ses obligés ont
peur." Et puis ceci, qui ne manque pas de piment : "Garagiste,
tenancière de boîte de nuit, mariée à des braqueurs puis à un policier,
championne de ski, reine de la presse people… avant d’arriver au cœur du
pouvoir. La vie de 'Mimi' est une énigme et un vertige."
On
comprend que ce vertige en donne à d’autres. Voilà pourquoi, fort étrangement,
l’appartement de l’un des journalistes a été cambriolé. Par qui? Toi seul le
sait me semble-t-il. Ou Monsieur Collomb, qui a récemment fait ses valises…
comme un voleur! Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que l’équipe
de monte-en-l’air qui a œuvré sur le coffre fort de Benalla était aussi de
service chez l’un des biographes de la désormais fameuse Mimi. (source:
"Un des biographes de 'Mimi' Marchand mystérieusement cambriolé"
dans L’Obs du 26 septembre 2018).
Pour
les besoins de ma démonstration, je sais que tu me comprendras, j’ai besoin
d’un cinquième doigt. De sorte qu’ainsi, nous pourrons franchement parler d’un
"Fist Fucking" – autrement dit, pour ceux qui se trouveraient
autant déroutés par cette expression formulée dans la langue de Shakespeare que
par les subtilités lexicales du corps humain, voici une libre traduction
de mon cru : "La main, puis tout le bras dans le cul". Tu m’excuseras
toutes ces variations proctologiques, mais c’est toi qui m’y contrains, après
avoir commencé aux Antilles…
A
plusieurs reprises, celui qui te sert de Benalla pour tes discours, Sylvain
Fort, a fait savoir que tu n’appréciais pas un certain nombre d’intellectuels -
dont ma pomme! Il fut dit un temps qu’un genre de "cellule
riposte" allait être mise en place pour répondre aux idées
"nauséabondes", bien sûr, de ces personnes dont j’étais et dont je
suis. Notre Sylvain avait alors sorti du chapeau les noms de Michel Serres et
de Pierre Nora: tu voulais du sang neuf et rajeunir la société française, ces
académiciens totalisent 174 ans à eux deux, c’est réussi. (source : "Le
devoir de mémoire de Macron" dans Le Parisien du 11
juin 2017).
Tout
le monde a pu voir que tu étais capable de changer la loi pour récompenser
Philippe Besson qui est à ta personne ce que Heidegger fut à Hitler, Sartre à
Staline, Sollers à Mao (puis à Balladur)… Tu as en effet décidé de faire voter
un texte permettant d’ouvrir une vingtaine de postes de consuls généraux
supplémentaires à des fonctionnaires comme à des non-fonctionnaires afin de
rendre possible ce hochet à offrir à ton ami avec l’argent de la République. (source:
"Ce décret qui permet de nommer Philippe Besson consul à Los
Angeles" dans Le Parisien du 30 août 2018).
Un
homme qui est capable de passer par-dessus la loi pour récompenser un
intellectuel qui le…, qui le…, disons, qui chante ses mérites, n’aurait
pas à se forcer beaucoup pour faire savoir combien il lui plairait que ce
philosophe, qui lui déplaît, cesse de voir ses cours diffusés sur le service
public! Je dis ça comme ça! Après la fraude fiscale, trois doigts, les
cambriolages, deux doigts, la promotion d’un ami comme avers d’une médaille
dont le revers est l’éviction d’un ennemi, cinq doigt, voilà, le compte est
bon: la main est passée tout entier, le bras peut suivre…
Voilà
un an que Votre Altesse, Votre Excellence, Votre Sérénité, Mon cher Manu, Mon
Roy, mais aussi: Mon Chéri, tu es au pouvoir. Et tu nous régales chaque semaine
avec de nouvelles aventures. Il te reste quatre ans de règne.
Je
t’annonce une bonne nouvelle: comme je dispose de plus de temps pour moi depuis
que mes cours à l’Université populaire sont passés dans la moulinette de ton
rectum citoyen, je me réjouis de pouvoir t’annoncer que je t’écrirai plus
souvent que je ne l’avais prévu lors de ma première lettre. Cette perspective
nouvelle me donne le même sourire que toi, mais pour d’autres raisons: je suis
ravi!
On
sait que le sage montre la lune et que l’imbécile regarde le doigt: pour ma
part, j’en prends le ferme engagement, je ferai part égale entre la lune et le
doigt…
Salut
Manu
Michel
Onfray
"zalandeau"
RépondreSupprimerEst-ce bien de Michel Onfray ce pamphlet où d'un quelconque imposteur ?
Quoi qu'il en soit, il ne mâche pas ses mots et, même si j'avais son talent, ce n'est pas ainsi que je traiterais le sujet en écrivant au président via le site http://www.elysee.fr
J'ai rédigé un article sur mon blog à ce sujet mais en me contentant de commenter l'image que j'avais saisie sur le Net.
Où as-tu découvert cet écrit que je me suis permis d'imprimer.
Je constate que tu n'as pas beaucoup de visiteurs où alors ils ne s'expriment pas. Je doute même qu'ils prennent la peine de lire la totalité de l'article.
A plus !
Ah et bien ça fonctionne les commentaires à c'que j'vois !
SupprimerBonjour Guyenne. Je fais de l'insomnie depuis 4h du mat. (Je classe mes photos souvenirs des retrouvailles de la promo et je découvre que je n'en ai que 2 pour 2013 ? Bizarre)...
En réponse, c'est bien du Michel Onfray copié sur son site :
https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/lettre-a-manu-sur-le-doigte-et-son-fondement
Mais la dernière fois où j'avais publié sa lettre ouverte, il l'avait retirée et mis une vidéo où il lisait le texte (ce qui ne donne pas grand chose, parce qu'il est un piètre orateur), alors ce coup-ci je n'ai pas mis le lien, mais à l'heure où j'écris, le texte est encore là ...
Tu sais que Onfray avec ces propos acides s'est fait virer de France culture où il diffusait ses cours de son université populaire l'été, il n'a plus d'aide de la mairie de Caen pour avoir une salle, il a donc renoncé à son université populaire, et là il vient d'être décommandé pour une participation à l'émission de Cymes sur la santé, sur la 5, pour parler des AVC.
Inutile de dire que Maron fait comme Sarko, il fait diaboliser et interdire ses opposants...
Belle démocratie avec liberté d'expression vachement garantie (Oui, pour les racailles, ou pour les présidents qui traitent les Français de génocidaires), mais pour les autres... Goualou !
Bonne journée à toi
Re-salut,
RépondreSupprimerJ'irai voir sur le site d'Onfray où il y a certainement des choses à glaner. Je remarque que, plus les présidents sont jeunes, plus ils se font dictateurs. Jusqu'où ira Macron pour conserver le pouvoir ? Peut-être en interdisant le droit de vote à ses opposants ?
A plus !
C'est bien possible ! On s'attend à une réforme de la constitution qui ôtera encore plus de pouvoir au peuple. Va-t-il prohiber le référendum ? Va-t-il faire élire au suffrage indirect ? Il faut s'attendre à tout avec ce connard...
SupprimerBonne journée