Ecrit
par Laurent Herblay
Revenons sur ce que nous a légué le plus grand homme
de notre histoire.
C’est un des points qui ressort le plus
facilement, surtout par comparaison avec ses successeurs. Le Général de Gaulle appliquait
une rigueur toute militaire dans son rapport à l’argent. Lorsqu’il était
Président de la République française, le Général de Gaulle mettait un point
d’honneur à ne pas trop profiter de ses avantages. Il tenait à payer lui-même
les factures d’électricité de ses appartements de l’Elysée, ainsi que ses frais
de téléphone, ou les repas donnés à titre privé. En fait, il payait de sa
poche, l’ensemble de ses dépenses personnelles.
Ce sont ces
mêmes principes qui lui ont fait renoncer à sa retraite de Président de la
République pour ne vivre que de sa retraite militaire et de ses droits
d’auteur.
Le Général de Gaulle était également un homme de
principes du point de vue des idées. C’est ainsi que son respect
profond du vote des Français excluait toute possibilité de rester au pouvoir en
cas de référendum perdu. Il n’a fait aucun compromis avec la défense
de la France, fût-ce au risque de sa vie ou de celle de ses proches pendant la
guerre, et fut un ardent défenseur de sa souveraineté. Fruit de son héritage de
chrétien social, il faisait de l’homme « la seule querelle qui vaille ».
Enfin, et c’est un aspect qui a été un peu oublié du
fait des caricatures, le Général de Gaulle était tout sauf un
nationaliste recroquevillé sur son pré carré. Il était profondément
ouvert aux autres pays, et respectueux de leurs cultures, au point de faire
l’effort de toujours prononcer des discours dans la langue du pays d’accueil.
Il a porté au monde un message finalement très universaliste de tolérance,
d’ouverture et de respect de l’identité et de la souveraineté des pays.
En ces temps où l’on répète trop souvent que rien
n’est possible, il est fascinant de se pencher sur le parcours du
Général de Gaulle, qui démontre que la volonté d’un homme, quand elle est
inflexible et juste, peut littéralement déplacer des montagnes. Voici
un sous-secrétaire d’Etat inconnu qui a réussi en quelques mois à incarner la
France et à construire un gouvernement à partir de sa seule volonté. C’est lui
qui a mis la France à la table des vainqueurs en 1945 malgré la déroute de
1940.
Et s’il a eu des échecs, quel parcours ! Voici un
homme qui est parvenu à faire partager aux Français sa propre vision des
Institutions, cas assez unique dans l’humanité, quitte à passer outre
l’opposition de tous les autres partis, comme en 1962. Il a réussi à terminer
la guerre d’Algérie dans un sens contraire à ce que certains l’imaginaient à
son arrivée au pouvoir. Il a imposé à nos partenaires européens le compromis de
Luxembourg. Bref, il a démontré tout ce que peut accomplir un homme politique.
Enfin, le Général de Gaulle nous a légué de grands
principes qui peuvent encore guider l’action politique aujourd’hui. La première
d’entre elle est sans doute sa conception de la démocratie qu’il a su
graver dans le marbre de notre Cinquième République. Bien loin des
accusations mesquines de coup d’Etat (quel dictateur a remporté deux suffrages
populaires et deux votes des grands élus en huit mois ?), il a créé des
institutions qui permettent à la volonté des Français de s’exprimer pleinement.
Le deuxième grand principe est l’aspect
fondamental de la souveraineté nationale. Lui avait bien compris que
la nation est le moyen pour l’homme d’agir sur son destin et qu’il ne faut
faire aucun compromis avec la souveraineté nationale, surtout quand on est
faible, ce qui le poussa à une attitude intransigeante à la tête de la France
Libre. Cette partie de son message prend une actualité brûlante avec les coups
de canif régulier portés à la souveraineté des nations en Europe.
Enfin, le Général de Gaulle était un
progressiste, dans le sens où il croyait au progrès économique,
produit de l’effort de la collectivité nationale. Mais si ce progrès devait
reposer sur l’économie de marché, il était trop conscient des
faiblesses du capitalisme (instabilité, injustices), pour ne pas comprendre que
l’Etat devait jouer un rôle fort pour en éviter les excès. Pour lui,
le progrès devait être partagé par tous, d’où son attachement à la
participation, même s’il ne fut pas pleinement couronné de succès.
On peut ne pas être d’accord avec ses idées ou sa
vision des choses, mais le Général de Gaulle aura au moins démontré que la
politique peut être faite avec une éthique et de la volonté au service de
grandes idées, des qualités qui semblent trop souvent disparues aujourd’hui.
NDLR : Le Général de
Gaulle est-il un exemple à suivre ? Peut être bien !
En tous cas, aucun de ses
successeurs n’a suivi son exemple. Et nous, peuple Français, sommes en
déshérence, blasés et écœurés par le cynisme et la suffisance de ces pantins
qui nous volent notre avenir…
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